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République démocratique du Congo : « l’épidémie d'Ebola n’est pas maitrisée »

Ebola response in Mangina
Une équipe médicale MSF administre une molécule en voie de développement à un patient atteint d'Ebola. RDC,  septembre 2018. © Carl Theunis/MSF

Trois mois après la déclaration de l'épidémie, la situation est plus préoccupante qu’elle ne l’était en septembre. L'épicentre s'est maintenant déplacé du petit village de Mangina à la ville beaucoup plus peuplée de Beni, où le nombre de cas confirmés continue d’augmenter depuis octobre.

La capacité de prise en charge dans cette ville de 400 000 habitants est saturée et des nouveaux cas, dont beaucoup ne sont pas liés aux chaînes de transmission connues, sont signalés régulièrement dans plusieurs quartiers. Les équipes MSF sont actives dans la ville sur le contrôle et la prévention des infections, la surveillance et la promotion de santé.

Elles ont également mis en place un programme de vaccination pour le personnel de santé, qui reste le plus exposé au risque d’infection et peut devenir à son tour un amplificateur de l’épidémie. Plusieurs cas venus de Beni ont également été identifiés à Butembo, une ville de plus d’un million d’habitants où MSF a installé l’un de ses trois centres de traitement. Le total cumulé du nombre de cas depuis le début de l’épidémie a dépassé le seuil des 300, avec 191 décès.

« L’épidémie n’est pas maîtrisée, explique Gwenola Seroux , responsable des urgences. Jusqu’à présent, plus de dix zones de santé dans les provinces du Nord-Kivu et d’Ituri ont signalé des cas confirmés ou probables d'Ebola. »

Plus de 8 000 contacts ont été recensés par les équipes d’épidémiologistes depuis le début de l’épidémie. Cependant, les chaînes de transmissions sont complexes à identifier en raison de l’insécurité et de la forte mobilité de la population. Des personnes malades se sont rendues dans plus d’un centre de santé avant d’être identifiées comme des cas suspects et d’être dirigées vers un centre de traitement Ebola.

Intervention de MSF en réponse à l'épidémie d'Ebola en République démocratique du Congo. Novembre 2018
Intervention de MSF en réponse à l'épidémie d'Ebola en République démocratique du Congo. Novembre 2018

Grâce à l’équipe d’intervention rapide composée d’un médecin, d’une infirmière, d’un promoteur de santé et d’un expert en eau et assainissement, des zones d’isolement peuvent être installées et des traitements mis à disposition dès le premier cas confirmé. Le 9 septembre dernier, par exemple, cette équipe a été envoyée dans le village de Luotu, en réponse aux alertes concernant un cas positif. Elle a non seulement participé à l’enquête, mais aussi à la construction d’une petite unité d’isolement pour recevoir les cas suspects.

« Nous disposons aujourd’hui de cinq molécules en voie de développement pour le traitement, dont quatre sont utilisées dans le cadre de cette riposte; cela représente une étape importante, explique Gwenola Seroux. Malgré le fait qu’on ne dispose pas encore d’une preuve définitive sur leur niveau d’efficacité, nous sommes en mesure de donner aux patients plus de chances de survie. »

Un laboratoire d’analyse a été mis en place dans chaque centre de traitement, pour que les cas suspects puissent être vérifiés très rapidement. Chaque nouveau cas confirmé est mis sous traitement dans les vingt-quatre heures de sa confirmation. L’administration de ces traitements suit des protocoles particuliers qui prévoient l’aval d’un comité qui inclut le ministère de Santé, l’Organisation mondiale de la Santé et Médecins Sans Frontières, ainsi que le consentement éclairé de chaque patient.

Un autre facteur d’inquiétude est l’apparition de cas confirmés non loin des bords du Lac Albert et de la frontière ougandaise. « Cette proximité avec la frontière est particulièrement inquiétante. Nos équipes ont notamment installé une tente d'isolement à Bwera, une petite ville située juste de l'autre côté de la frontière entre Beni et Butembo. Celles qui sont en Ouganda sont prêtes à intervenir si un cas se présentait dans ce pays voisin », ajoute Gwenola Seroux.

Depuis le début de l’épidémie, 91 personnes sont sorties guéries des centres de traitement Ebola.

 

© Carl Theunis/MSF

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