Quelque 11 000 nouveaux réfugiés sont récemment arrivés dans le district de Liranga, au sud d'Impfondo. Quatre mois après la première bataille meurtrière, à Dongo fin octobre 2009, l'insécurité dans la province de l'Equateur (RDC) continuait fin janvier de provoquer la fuite de familles. MSF mène une intervention d'urgence le long du fleuve Oubangui.
Début novembre il y avait quelques milliers de familles. Fin février ils sont plus de 100 000, de petits groupes dispersés le long de la rivière sur 500 kilomètres, à quelques kilomètres en face de leur village d'origine.
MSF a mis en place des consultations médicales le long du fleuve. Des équipes MSF travaillent dans plus d'une vingtaine de dispensaires fixes et itinérants le long de la rivière Oubangui (le long de la frontière), depuis Mougoumba, au sud de la RCA, jusqu'à Impfoumdo, en République du Congo. Les cas sévères sont référés dans les hôpitaux.
MSF travaille dans le centre de santé de Bétou, dans l'hôpital d'Impfondo, ainsi que l'hôpital de Mongoumba. Les activités médicales incluent des consultations prénatales, la prise en charge de la malnutrition et la vaccination.
Quelque 10 000 enfants âgés de un à cinq ans ont été vaccinés contre la rougeole dans le district de Bétou (Congo-Brazza) et une campagne de vaccination pour les enfants âgés de six mois à 15 ans est en cours dans le district de Mongoumba (RCA).
Au total, depuis le 23 novembre jusqu'à la fin du mois de janvier, plus de 25 000 consultations médicales ont été données, les trois quarts des patients en moyenne étant des réfugiés. La principale maladie diagnostiquée est l'infection respiratoire aiguë. « Les conditions de vie des réfugiés restent très précaires », explique Caroline Rousseau, responsable des opérations MSF dans le district de Bétou.
« Les problèmes respiratoires sont liés au manque d'abris. Nous avons aussi beaucoup de malades qui souffrent du paludisme, nous avons distribué des moustiquaires avec d'autre matériel essentiel à 2 500 familles mais il en faut davantage. En revanche, suite à l'amélioration de l'approvisionnement en eau et la distribution de savon, nous constatons depuis quelques semaines une stabilisation des cas de diarrhée. »
La population locale partage ses ressources. Des distributions sont organisées, principalement par le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) et par le Programme Alimentaire Mondial (PAM), mais ne couvrent qu'en partie les besoins essentiels des réfugiés. Les difficultés sont réelles : l'acheminement et la distribution de l'aide, sur 500 km environ le long du fleuve, nécessitent des moyens importants.
En attendant de disposer de moyens à la hauteur des besoins, le poids d'une partie de l'aide aux réfugiés pèse toujours sur les la population locale. Cette région déjà défavorisée doit partager les maigres ressources disponibles alors qu'il y maintenant autant de réfugiés que d'habitants.
« Parce que les distributions de nourriture sont insuffisantes, des réfugiés sont obligés de retourner de l'autre côté du fleuve pour aller chercher de la nourriture dans leurs champs, dans leurs villages », décrit Caroline.
« Or l'insécurité reste élevée en dehors des principales villes. Les réfugiés courent le risque de subir des violences, surtout les femmes, lors de ces brefs aller-retour. Nous avons soigné des femmes victimes de violence sexuelle. De plus, ceux qui traversent la frontière sont parfois obligés de payer des taxes, côté RD Congo comme côté République du Congo. »
D'autres équipes soignent dans la province Equateur. La situation dans la province de l'Equateur, en RDC, reste perçue comme dangereuse par la population, malgré le déploiement des forces armées gouvernementales de RDC. Selon les Nations Unies, une partie des 60 000 familles qui avaient quitté leurs villages tout en restant dans la province de l'Equateur seraient rentrées.
Une équipe MSF travaille dans cette région depuis décembre, dans deux centres de santé situés dans les localités de Bomboma et de Makengo. MSF assure en moyenne 1 300 consultations par semaine auprès des populations déplacées et résidentes, principalement pour des cas de paludisme, d'infections sexuellement transmissibles et d'infections respiratoires. Depuis quelques jours, l'accès aux localités de Imese et de Enyele, au sud de Dongo, s'est amélioré.
Depuis jeudi 18 février, une équipe médicale MSF a évalué la situation à Enyele, où la situation est calme et a permis le retour d'une majorité de la population qui avaient fui les combats dans cette localité. Cependant, des opérations armées et des affrontements se poursuivent plus au sud de la province, dans les zones marécageuses proches de Buburu et Bomongo.
Aucun de ces réfugiés n'a encore obtenu le statut qui le protège. Début janvier, MSF avait alerté sur la nécessité de garantir une protection aux réfugiés qui ont fui la violence dans la province de l'Equateur. Une enquête de mortalité rétrospective menée par le centre de recherche épidémiologique Epicentre permettait d'estimer à 1500 le nombre de décès dus à la violence dans la province de l'Equateur, sur une période de sept jours, entre le 28 octobre et le 3 novembre 2009.
Le HCR a pour mandat de protéger les populations qui fuient un pays en raison de la violence directe ou de craintes fondées. De l'autre côté de la frontière, en République du Congo, l'enregistrement par le HCR a débuté il y a plusieurs semaines mais personne n'a encore reçu le statut de réfugié.
Ce statut doit garantir le respect des droits humains fondamentaux des personnes vulnérables et la lutte contre les retours involontaires de réfugiés vers un pays où ils risquent d'être persécutés.