Depuis le 28 octobre, une épidémie de poliomyélite sévit au Congo, principalement dans le sud-est du pays. Aujourd'hui, 491 cas ont été enregistrés ainsi que 206 décès soit un taux de mortalité extrêmement élevé. « Cette forme de poliovirus est extrêmement virulente », explique le Dr Félix, coordinateur médical à Brazzaville. « L'épidémie est d'autant plus remarquable qu'elle touche, non pas les enfants en bas âge mais de jeunes adultes de 15 à 25 ans, et principalement des hommes (80 %). A priori, plutôt les personnes qui n'ont pas été immunisées enfants, durant la période de forte instabilité dans le pays ». La résurgence de ces nouveaux cas de polio, alors même que le Congo venait d'être considéré comme « zone éradiquée » , pose questions. Pour MSF, c'est la première intervention de ce genre.
Vaccination en zone isolée
Afin de juguler l'épidémie qui touche principalement les adultes, toute la population du Congo - soit 4,1 millions de personnes - doit être vaccinée. Le premier tour de vaccination sur les trois prévus a déjà eu lieu. L'immunisation se fait par l'administration de trois doses de vaccin oral. MSF vient en aide au ministère de la Santé congolais pour superviser et apporter un soutien logistique dans le département de la Likouala au nord-est du pays où nous travaillions déjà auprès des réfugiés venus de la République démocratique du Congo voisine.
Les équipes de MSF sont en train de mener le deuxième tour de vaccination le long du fleuve Oubangui. Plus de 200 000 personnes ont déjà été vaccinées lors du premier tour. « Notre support logistique ainsi que le maintien de la chaîne du froid pour conserver les vaccins sont importants dans cette zone enclavée, où les déplacements se font principalement en pirogue », précise Séverine, chef de mission au Congo Brazzaville. Le troisième tour de vaccination est prévu au début du mois de janvier.
Prendre en charge les malades
MSF aide également à la prise en charge des malades dont la plupart ont été hospitalisés dans la ville de Pointe Noire. « Si la vaccination a été réalisée par l'OMS et l'Unicef sur Pointe Noire, personne n'a vraiment pensé à la prise en charge des malades. Pourtant plus de 400 personnes ont été hospitalisées sur les deux principaux hôpitaux de la ville et le personnel hospitalier s'est vite trouvé démuni », explique le Dr Félix, coordinateur médical.
S'il n'existe pas de traitement pour soigner la polio, il est possible de prendre en charge les conséquences de la maladie (détresse respiratoire, paralysie des membres inférieurs...). Soins infirmiers, kinésithérapie, mise sous oxygène peuvent, en effet, considérablement soulager les patients et éviter de graves séquelles. « La plupart des malades décèdent aujourd'hui de complications respiratoires et, si le patient s'en sort, les séquelles de paralysie ne sont pas rares », précise le Dr Félix. MSF a mis en place une unité de soins adaptée dans l'un des hôpitaux de Pointe Noire pour renforcer la prise en charge spécifique de cette maladie. « L'unité de soins est désormais opérationnelle et nos équipes quasi au complet. Nous attendons encore du renfort en ressources humaines mais tout le matériel est arrivé», conclut-il.
En savoir plus sur la poliomyélite
Le virus et ses modes de transmission
Le virus de la poliomyélite se multiplie dans la muqueuse pharyngée et dans l'intestin grêle mais également dans la gorge et dans les selles. La transmission s'effectue exclusivement par voie féco-orale en particulier par l'intermédiaire d'eau souillée ou d'aliments contaminés par les selles, ou par les sécrétions pharyngées d'une personne infectée.
Symptômes et développement de la maladie
La poliomyélite se manifeste par des symptômes comme la fièvre, des douleurs musculaires, des céphalées... Le virus se fixe sur le tissu nerveux et les premières lésions siègent au niveau des neurones. En deux à trois jours s'installent des paralysies musculaires surtout des membres inférieurs pouvant aller jusqu'à une paralysie irréversible ou la mort en cas d'atteinte des muscles respiratoires.
Vaccination orale
Trois prises d'un vaccin oral sont nécessaires à plusieurs semaines d'intervalles pour immuniser l'individu. Le vaccin anti-poliomyélite oral est plus facile à utiliser car il ne nécessite pas d'injection et se conserve plus facilement. Il n'est donc pas nécessaire d'avoir du personnel ultra-formé pour la vaccination. La prise orale confère aussi plus rapidement une bonne immunité générale, ce qui réduit la transmission du poliovirus.