Lorsque MSF a commencé à mettre en place des projets de prise en charge pour les survivants de violence familiale et sexuelle en Papouasie-Nouvelle-Guinée, la capacité et l’expertise nécessaires à la délivrance d’une aide adaptée étaient très limitées dans le pays. Les quelques services disponibles étaient fragmentés et dispersés et le soutien psychosocial pratiquement inexistant.
Aujourd’hui, la violence est un problème de plus en plus reconnu sur le plan national et, ces dernières années, des améliorations pour tenter de s’y attaquer sont à noter. Ainsi, les autorités papoues ont identifié la violence sexuelle comme étant une urgence sociale et de santé publique et une grave menace pour le développement du pays. Toutefois, beaucoup reste encore à faire et notamment pour les mineurs.
Mon mari m’a dit que puisque ma fille avait déjà été violée, il le ferait aussi. Il l’a violée devant moi et m’a demandé de participer. J’ai refusé. Je pleurais. Je n’ai rien pu faire », témoigne une femme hébergée dans un refuge de Port-Moresby, capitale de la Papouasie Nouvelle Guinée.
Depuis 2009, MSF a pris en charge 27 993 victimes de violences familiale et sexuelle en Papouasie-Nouvelle-Guinée. 69% des victimes soignées par MSF à Port-Moresby avaient moins de 18 ans. A Tari, de 2014 à 2015, près de la moitié (46%) avaient moins de 18 ans. La majorité (91%) de ces mineurs avait été violée. Les équipes de MSF ont organisé des sessions de formation dans près de 50 centres de santé à travers tout le pays et formé d’autres acteurs tels que les unités de police ou encore les leaders de communautés, contre la violence familiale et sexuelle, sur les soins médicaux et psychosociaux, à proposer sans délais aux survivants.
Mais, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, les mineurs ayant subi des agressions ne bénéficient pas de services de prise en charge et/ou d’accompagnement dédiés. Ainsi, le manque de structures d’accueil temporaires, de soins alternatifs et le non accès des enfants au système juridique signifie qu’ils sont souvent forcés de retourner vivre aux côtés de leurs agresseurs.
Une petite fille de 6 ans, mise en sécurité dans un refuge par sa mère après que que sa petite soeur de 2 ans et elle-même aient été violées par un voisin. © Jodi Bieber
Le 1er mars 2016, MSF a publié un rapport intitulé « Retour chez l’agresseur ». Si celui-ci identifie les avancées, particulièrement en matière de soins médicaux et psychosociaux, il souligne aussi les lacunes persistantes en Papouasie-Nouvelle-Guinéeet, essentiellement, le manque total de protection pour les femmes et les enfants. Ainsi, il n’existe que six refuges dans le pays, dont cinq se situent à Port-Moresby, et aucun n’accepte les mineurs non accompagnés.Le manque de formation et d’effectifs au sein de la police signifie que, et dans le cas où les agressions sont signalées aux forces de l’ordre, les agresseurs sont rarement traduits en justice. Conséquence : les victimes, obligées de retourner chez leurs agresseurs, risquent de subir, à nouveau, une violence répétée et peut être même accrue. Bien qu’essentiels, les soins médicaux et psychosociaux, ne servent alors qu’à les soigner entre les agressions. Celles-ci sont alors doublement victimes : des agresseurs mais aussi des insuffisances du système.