Il y a deux ans, Rashida a survécu à un viol et assisté au meurtre de son nouveau-né, avant de fuir au Myanmar. Elle a traversé la frontière avec le Bangladesh et est arrivée dans les camps de Cox’s Bazar, qui abritent des milliers de réfugiés rohingyas.
Deux ans après, elle reste hantée par les violences de son passé, et les conditions de vie sinistres dans le camp ne l’aident pas à retrouver une vie normale. « Chaque jour, je me demande comment je vais faire pour survivre, et jusqu’à quand. Quand est-ce que je pourrais revivre dans ma maison ? » s’interroge cette jeune femme de 27 ans, assise sur le sol en ciment de sa hutte de bambou, recouverte de bâches en plastique.
En 2017, nous avions déjà interviewé Rashida, alors qu’elle venait d’arriver à Cox’s Bazar. À l’époque, la blessure au cou qui lui avait été infligée à l’arme blanche durant son viol dans le village de Tula Toli était encore visible. Elle n’avait pas pu retenir ses larmes lorsqu’elle avait raconté comment les forces de sécurité birmanes avaient attaqué son village et fracassé sous ses yeux le crâne de son fils d’un mois. Elle avait également décrit la façon dont elle était restée allongée, faisant croire qu’elle était morte, après avoir été attaquée au couteau. Autour d’elle gisaient les corps d’autres villageois, rohingyas eux-aussi, tués le même jour.