Rougeole - Vacciner en urgence lors d'une épidémie

Quatre études sur des interventions de MSF entre 2002 et 2005 montrent la pertinence d'une campagne de vaccination pendant une épidémie de rougeole. Pourtant, l'Organisation mondiale de la Santé ne recommande toujours pas la vaccination de masse en situation épidémique. Et sur le terrain, il est souvent difficile de convaincre les autorités sanitaires de l'importance d'une telle opération.
L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) soutient les campagnes de vaccination routinières mais ne recommande toujours pas de vacciner massivement une fois l'épidémie déclenchée. Or les interventions de MSF, documentées par les travaux d'Epicentre, montrent que les campagnes de vaccination permettent de protéger les personnes les plus à risque, de diminuer le nombre de décès et de limiter l'expansion de l'épidémie.
« Une épidémie de rougeole a frappé la région de Katsina, au Nigeria, en 2005, rappelle Thierry Allafort, responsable des urgences à MSF. Nous estimons que le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans était trois fois supérieur au seuil critique communément admis. Les enfants meurent aussi des complications liées à la rougeole, jusqu'à un an après la maladie : à Katsina, la moitié des enfants pris en charge pour malnutrition sévère avaient été atteints par la rougeole. » Cet exemple illustre bien la gravité des conséquences de la rougeole.
Or il existe un vaccin efficace quelques jours après l'injection. « La priorité pendant les épidémies est de soigner les malades et d'éviter les complications, explique Thierry. En deuxième priorité, il faut absolument vacciner les enfants. » Même tardivement, puisque les épidémies peuvent être longues. Une épidémie à Kinshasa, en République Démocratique du Congo, a duré plus de 40 semaines entre 2002 et 2003.
Même tardives, ces campagnes ont été efficaces puisqu'elles ont été suivies d'une baisse du nombre de cas de rougeole. Par exemple, au Niger en 2004, un début d'intervention au 160ème jour (soit plus de cinq mois) après le début de l'épidémie a permis d'éviter au moins 800 cas (8%) selon nos études. On ne peut qu'imaginer combien de cas auraient pu être évités si la campagne de vaccination avait pu se tenir plus tôt... « Il faut intervenir le plus tôt possible », résume le docteur Philippe Guérin, d'Epicentre.