« Depuis le premier jour, la réponse humanitaire a été en retard par rapport aux besoins des réfugiés, explique François Zamparini, coordinateur d'urgence de MSF dans l'État de Gedaref. Les premiers avertissements concernant l'assainissement, l'hygiène et les abris inadéquats n'ont pas été pris en compte. La construction de latrines et de fontaines a été beaucoup trop lente. En conséquence, la défécation à l'air libre est généralisée dans les camps. Les réfugiés du Tigré paient le prix d'une mauvaise coordination internationale. »
De nombreux patients reçus par les équipes MSF présentent une jaunisse aiguë, caractéristique du virus de l’hépatite E, ainsi que des vomissements et des douleurs à l’estomac. Le virus est particulièrement dangereux pour les femmes enceintes, pour lesquelles le risque de décès est d'environ 25 %. Comme la typhoïde, la dysenterie et le choléra, le virus de l'hépatite E se développe dans des environnements où les conditions d’hygiène et d’assainissement ne sont pas suffisantes.
Dans le camp d’Al Tanideba, dans lequel six cas d’hépatite E ont été identifiés, comme dans celui d’Oum Rakouba, les latrines sont rares ou inutilisables. À Oum Rakouba, il n'y a que 175 latrines pour 20 000 personnes, tandis qu'à Al Tanideba de nombreuses latrines ont été détruites par les intempéries. Près de 40 000 personnes vivent dans ces deux camps.
« Les toilettes posent problème depuis notre arrivée, explique Mehrut, qui vit à Al Tanideba avec ses cinq enfants. Elles ne sont jamais nettoyées ou entretenues et nous ne nous sentons pas à l'aise de les utiliser. » Des latrines sont en cours de construction, mais beaucoup ne devraient pas être prêtes avant des mois alors que la saison des pluies qui s’installe est propice au développement des maladies hydriques.