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Sri Lanka : des centaines de blessés ont besoin de chirurgie réparatrice

Sri Lanka. Des soins sont prodigués à un patient après la pose d'un fixateur externe
Sri Lanka. Des soins sont prodigués à un patient après la pose d'un fixateur externe © Anne Yzebe / MSF

Une grande partie des personnes blessées au cours des combats entre l’armée sri-lankaise et le mouvement LTTE (mouvement de libération des Tigres Tamouls) ont d’abord été opérées dans des conditions d’urgence. De nombreuses infections, notamment osseuses, se sont développées.

Plusieurs mois après la fin du conflit qui opposait l’armée sri-lankaise et le mouvement LTTE (mouvement de libération des Tigres Tamouls), des centaines de blessés nécessitent toujours des soins de chirurgie orthopédique.

Leurs plaies, causées par des éclats d’obus ou des balles, ne sont pas cicatrisées, l’infection évolue, le plus souvent à bas bruit, mais pour le moment, le seul souhait de ces patients aujourd’hui déplacés est de rentrer enfin chez eux.

Nettoyer, stabiliser, traiter pour favoriser la cicatrisation

Penchée sur le lit d’une patiente âgée de 18 ans, le docteur Inga Osmers, chirurgien orthopédique MSF, lui explique la situation :

« Nous avons nettoyé la plaie en ôtant les tissus et les morceaux d’os infectés et placé un fixateur externe sur votre jambe pour la stabiliser. Pendant l’opération, nous avons aussi prélevé des échantillons de tissus pour les analyser. Cela nous permettra de savoir quelle est le type d’infection et quels antibiotiques seront efficaces. » Début décembre, à l’hôpital MSF de Menik Farm, douze patients hospitalisés souffraient d’ostéomyélite, c’est-à-dire d’une infection des os.

Blessée le 20 avril, la jeune fille avait été transférée dans un hôpital plus de trois jours après. Là, elle avait refusé l’amputation. Cinq semaines plus tard, elle était sortie de l’hôpital, avec un plâtre et des béquilles. La douleur était constante mais supportable.

Début novembre, la douleur étant devenue plus forte, elle s’est rendue dans l’une des cliniques du camp de Menik Farm d’où elle a été transférée à l’hôpital de MSF par le médecin du ministère de la Santé. Sous le plâtre, la plaie ne cicatrisait pas et du pus suintait. A l’hôpital, la radiologie indiquait que l’os ne s’était pas consolidé et était infecté.

Sur les blessures de guerre, les infections sont fréquentes

Inga s’arrête auprès d’un autre patient et examine la radio. Une plaque interne est nettement visible, fixée sur l’os sous la peau.
« Nous voyons sur la radio que les deux os sont encore très écartés l’un de l’autre et nous observons sur sa peau ce petit trou, qu’on appelle une fistule » décrit la chirurgienne. « C’est un signe d’infection, un canal d’évacuation naturelle. Ce n’est pas très visible et peu impressionnant, mais en dessous l’infection a parfois déjà fait beaucoup de dégâts. »

Dans les cas de blessures de guerre avec introduction d’un corps étranger comme le plus souvent ici de petits éclats d’obus, les risques d’infections sont très élevés. Ces risques augmentent encore lorsqu’il y a beaucoup de blessés à la fois et peu de moyens pour une intervention chirurgicale rapide.

Inga s’adresse au patient : « Voici ce que je peux faire : ouvrir la plaie, la nettoyer, ôter le fixateur interne et le remplacer par un fixateur externe pour limiter la présence de corps étranger dans la plaie. Mais cela veut dire que vous allez devoir rester hospitalisé encore plusieurs semaines au moins. L’autre possibilité est d’attendre et d’espérer que la blessure cicatrice, la fistule permettant d’évacuer le pus. Je vous laisse y réfléchir tranquillement. Est-ce que vous savez quand vous devez rentrer chez vous ? »

Le patient l’ignore. Depuis plusieurs semaines, les déplacés repartent massivement dans leur région d’origine et, à l’hôpital MSF, les patients sont anxieux à l’idée de manquer le départ pour cause d’hospitalisation. C’est pourquoi le personnel médical est attentif à ne pas entreprendre, sauf urgente nécessité, de traitements longs sans en avoir d’abord discuté avec le patient.

Retrouver les blessés qui requièrent une intervention chirurgicale

Dans de nombreux cas, des patients retournent chez eux avant d’avoir bénéficié des soins chirurgicaux qui leur permettraient de conserver un usage optimal de leur membre. « Il y a assurément plusieurs centaines de patients qui ont besoin d’une intervention de chirurgie reconstructrice », explique le docteur Patrick Hérard, référent chirurgie à MSF.

« Il s’agit moins d’une question de vie ou de mort que de future qualité de vie. Mais il leur faudra accepter de nouvelles opérations - donc des semaines voire des mois d’hospitalisation - pour conserver ou améliorer l’usage du membre blessé. Nous avons l’expérience de ce type d’intervention, avec notamment notre programme à Amman, en Jordanie, pour les blessés irakiens. MSF y a acquis une expertise dans la chirurgie de deuxième et troisième intention pour les blessures de guerre. »

Notes

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