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Sri Lanka : le témoignage d'un chirurgien

Tim chirurgien MSF à l'hôpital Ayurvedic de Pompaimadhu nord du Sri Lanka.
Tim, chirurgien MSF à l'hôpital Ayurvedic de Pompaimadhu, nord du Sri Lanka. © MSF

Médecins Sans Frontières (MSF) gère un bloc opératoire et un programme de soins post opératoires à l'hôpital Ayurvedic de Pompaimadhu, dans le nord du Sri Lanka. De nombreux patients y ont été référés à partir des camps et de l'hôpital général de Vavuniya. Tim Pruchnic, chirurgien MSF qui travaille à l'hôpital de Pompaimadhu depuis le mois de mai, nous raconte son expérience.

À Pompaimadhu, nous avons en ce moment 180 patients et l'hôpital est plein. Ils sont nombreux à présenter des blessures chroniques comme des escarres, ou une mauvaise cicatrisation des plaies liées à leurs amputations.

Les besoins en kinésithérapie sont énormes : tous nos patients ont des articulations qui fonctionnent mal et des fractures qui ne guérissent pas.

L'équipe de MSF est composée de neuf médicaux (personnel expatrié et national), d'une équipe d'aides-soignants et de huit conseillers en soutien psychologique. Nous travaillons aux côtés du personnel du ministère de la Santé.

Je suis le seul chirurgien à intervenir dans cet hôpital et je pratique entre 16 et 20 interventions deux jours par semaines.

Certaines sont des interventions chirurgicales majeures telles que la révision de moignons qui n'ont pas cicatrisé, sinon ce sont des interventions moins lourdes qui consistent par exemple à retirer les fixations externes ou à nettoyer les blessures. Les autres jours, j'effectue des visites dans les différents services.


Chirurgie réparatrice. L'une des principales interventions que nous pratiquons, c'est une opération de chirurgie réparatrice appelée "chirurgie par lambeaux musculaires". Ces deux à trois heures d'opération nous permettent de sauver des jambes infectées qui ont été blessées par des éclats d'obus et qui auraient sinon dû être amputées.

Nous avons réalisé cette intervention vingt fois et jusqu'à présent, cela a été une vraie réussite. Le premier patient sur lequel nous avons pratiqué cette opération avait été blessé par un éclat d'obus au-dessous du genou, il ne lui restait quasiment plus d'os. Maintenant, il marche de nouveau et aujourd'hui, nous avons décidé qu'il était suffisamment rétabli pour quitter l'hôpital.

Nous avons mis en place une unité spécialisée dans le traitement des blessures à la colonne vertébrale (lésions médullaires) et nous sommes actuellement la principale organisation à dispenser ce type de soins dans le district. D'autres hôpitaux transfèrent leurs patients ici et nous avons maintenant 50 personnes, essentiellement des adultes entre 20 et 40 ans, qui ont été blessées par des éclats d'obus.

Kinésithérapie. Deux patients sont tétraplégiques et les autres sont paraplégiques. Il y a deux ou trois chanceux dont les troubles sont temporaires et qui retrouvent peu à peu leur mobilité grâce aux séances de kinésithérapie. C'est bien qu'ils soient tous ici, car ainsi nous pouvons les soigner ensemble. Ils présentent des blessures qui guériront si elles sont correctement suivies. Nous avons appris à leur famille comment les tourner dans leur lit et les assister.

Soutien psychologique. Lorsque cela est nécessaire, nous les opérons pour traiter leurs plaies. Les conseillers en soutien psychologique parlent avec les patients et les aident à faire face à ces épreuves. Les patients se sentent mieux lorsque vous travaillez avec eux, même s'ils ne retrouveront jamais leurs capacités de mouvement. C'est étonnant l'impact que peuvent avoir des soins, des séances de kinésithérapie pour continuer à faire fonctionner les articulations et un peu de soutien psychologique.

J'ai été particulièrement marqué par un patient que je vois tous les jours à l'hôpital. Il a une vingtaine d'années et il se trouvait dans la zone de conflit lorsqu'une bombe est tombée sur lui. Elle n'a pas explosé mais lui a broyé les jambes. Lorsqu'il est arrivé à Pompaimadhu, nous avons vu qu'il avait été amputé deux fois. Mais ces interventions ont échoué, les os étaient saillants et il fallait opérer de nouveau. Nous avons refait les deux amputations.

Maintenant, les plaies sont propres et peut être qu'un jour ce garçon pourra remarcher. Lorsque nous lui avons demandé ce qui s'était passé, il nous a parlé de l'obus et le plus étonnant, c'est qu'il en souriait comme si c'était une bonne chose. Nous nous demandions vraiment pourquoi. Et il a ajouté : « l'obus a atterri sur mes jambes mais il n'a pas explosé. S'il avait explosé, il aurait tué toute ma famille. »

 

Notes

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