Cette nouvelle vague de violences a forcé ceux qui avaient déjà fui les combats à se déplacer à nouveau. On dénombre deux principales vagues de déplacement de population.
La première concerne les personnes qui ont fui les camps de déplacés de manière « préventive », et qui ont eu le temps de rassembler leurs effets, comme des tentes, des bidons, etc. La deuxième vague de déplacement s’est produite quand les combats ont surpris les populations qui ont dû fuir dans une telle précipitation qu’elles n’ont pu pratiquement rien emporter. Ce sont par conséquent les personnes les plus démunies : elles ont impérativement besoin d’un abri et de biens de première nécessité pour assurer leur survie.
Nos équipes en Syrie nous confirment que les populations sont traumatisées et terrorisées. Les combats continuent de se rapprocher et ils craignent que l’État islamique ne finisse par prendre le contrôle de territoires supplémentaires. Ils nous confient n’avoir plus aucun espoir quant à leur avenir. Ils rassemblent ce qu’ils peuvent et partent à la recherche de lieux offrant un semblant de protection, mais aucun n’est assez sûr. Ils sont préoccupés par leurs besoins de base tels que l’accès à l’eau potable et à la nourriture, et par leur hygiène également. Leur survie est leur première préoccupation.
Frontière fermée, populations en danger
La frontière turque est fermée depuis plus d’un an. Seul un nombre limité de travailleurs médicaux et humanitaires est autorisé à la traverser sous des conditions très strictes. Pour autant, jusqu’à présent, MSF a pu transférer les patients ayant besoin de soins médicaux vitaux depuis la Syrie vers des structures médicales en Turquie.
Notre principale préoccupation en ce moment est la sécurité des milliers de personnes qui ont été forcées de fuir au cours des deux dernières semaines et qui sont désormais dans une situation très critique. Les combats continuent, ce qui, bien sûr, inquiéte la population. Un collègue qui se trouve en Syrie en ce moment, me racontait que tout le monde est effrayé. Ils ont peur que les combats, dont certains se déroulent à sept kilomètres à peine, les mettent à nouveau en danger.
Nous espérons que la situation se stabilise, mais c’est très difficile de faire de quelconque prévisions. En revanche, il est certain que les besoins de ces milliers de nouvelles personnes déplacées resteront élevés dans l’avenir immédiat.
Risque de siège pour 250 000 personnes vivant à Alep
Dans la ville d’Alep, les combats se sont intensifiés. Une fois de plus, nous voyons comment le personnel médical d’Alep doit faire face à une pression inimaginable. Nous avons réussi à approvisionner 23 centres de santé avec des donations régulières de fournitures médicales et de carburant.
Ce qui nous inquiète, c’est le risque que la multiplication des affrontements mette la population d’Alep en état de siège de fait. Il ne reste qu’une seule route non-contrôlée par les forces gouvernementales syriennes et permettant à la population d’entrer ou sortir d’Alep. Si cette route venait à être fermée, la situation pourrait s’aggraver. Les 250 000 habitants des enclaves non contrôlées par le gouvernement seraient alors pris au piège et s’ajouteraient à la liste noire des 1,5 à 2 millions de personnes des zones actuellement assiégées en Syrie.
Répondre aux urgences et aux besoins de bases des déplacés
Nos équipes travaillent dans des conditions extrêmement difficiles. Nous avons dû réduire les services offerts dans notre hôpital d’Azaz pour nous concentrer sur les cas les plus graves où la vie des patients est véritablement en jeu. Dans ces conditions extrêmes, depuis l’intensification de l’offensive le 10 avril dernier, nous avons donné 1 200 consultations en salle d’urgences. Nos équipes ont également traité 25 blessés de guerre et ont assisté 16 accouchements.
Une deuxième équipe s’est chargée dans le même temps de la gestion des approvisionnements et de la distribution de biens de première nécessité à plus de 50 000 nouveaux déplacés dont des matelas et des couvertures. Et nous nous coordonnons avec d’autres organisations pour évaluer les besoins en eau potable, en nourriture et en assainissement.
MSF mène des activités dans six structures médicales situées dans le nord de la Syrie et soutient plus de 150 centres de santé et hôpitaux à travers le pays, dont beaucoup se trouvent dans les zones assiégées. L'hôpital de MSF dans le district d'Azaz a doublé sa capacité depuis février dernier, lorsque les combats ont conduit des milliers de personnes à fuir vers cette région.
ALLER PLUS LOIN
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