Syrie : "on a créé un réseau médical parce que le système de soins était détruit"

L'hôpital de Kafr Zita a été très endommagé par des tirs. Seul le sous sol est utilisable.
L'hôpital de Kafr Zita a été très endommagé par des tirs. Seul le sous-sol est utilisable. © Unknown

Dans les zones contrôlées par les rebelles en Syrie, les réseaux de médecins syriens ne doivent plus seulement prendre en charge les blessés. Après quatre ans de conflit, il est tout aussi important de soigner les problèmes médicaux courants, de dispenser des consultations médicales, d’offrir aux femmes la possibilité d’accoucher dans une structure médicale… Le Dr Ahmad Dobbis,  pharmacien, est coordinateur médical à la Direction de la santé pour la région de Hama (zones contrôlées par les rebelles). Il explique ici comment différents centres médicaux mis en place, auxquels MSF apporte un soutien, font pour apporter ces secours médicaux.

« Ce matin, il y a eu un bombardement à Kafr Zita qui a fait quatre morts et près de 25 blessés. Le directeur de la Direction médicale d’Hama est sur place pour coordonner le travail entre les chirurgiens et les centres médicaux.

La ville de Kafr Zita est au nord de Hama sur la ligne de front, le régime contrôle la zone au sud. La ligne de front est tout le temps bombardée, tous les jours. Kafr Zita est une ville de 25 000 habitants, les gens ont fui parce que c’était devenu trop dangereux. Ils se sont réfugiés dans les environs. Quand le ciel est clair et dégagé, les avions sortent pour bombarder les zones habitées et les hélicoptères larguent des barils bourrés d’explosif. Les gens préfèrent l’hiver parce qu’à cette période de l’année, ils sont moins exposés.

L’hôpital ne peut pas fermer car beaucoup de gens peuvent avoir besoin de soins. C’est un bâtiment de trois étages qui a été ciblé plusieurs fois par des hélicoptères et des avions, si bien qu’il reste un seul étage où travailler : le sous-sol. Quatre chirurgiens y travaillent avec l’aide d’un étudiant. Ils ont trois blocs opératoires et une radio. L’autre hôpital de la ville est fermé, il a été détruit par un baril d’explosif.

A quatre kilomètres de Kafr Zita se trouve le village d’Alatamneh où plus personne n’habite. Parfois des habitants y passent juste pour prendre des affaires, quand il n’y a pas de bombardements. A côté d’Alatamneh, près des lignes des forces gouvernementales, un poste médical a été aménagé dans une cave creusée à l’intérieur d’une colline. Un chirurgien,  un infirmier anesthésiste, un assistant chirurgien et un infirmier y travaillent en permanence. Ils disposent de quatre pièces : une pour faire de la chirurgie, une pour les urgences, une pour la pharmacie et la radio, et une pièce avec deux lits pour installer les blessés après l’opération. Mais les blessés ne restent pas longtemps. Une heure ou deux après l’opération ou l’anesthésie, une ambulance les emmène dans un hôpital. Les personnes qui travaillent dans le poste médical apportent avec elles les médicaments et la nourriture pour une semaine. Ils travaillent et ils dorment là. Au bout de deux semaines de travail, ils s’arrêtent si possible deux jours. 

Vaccination, maladies chroniques et besoins médicaux courants n’étaient plus assurés

Dans le réseau de soins médicaux dont nous coordonnons les activités dans la région de Hama, les soins ne sont pas dispensés uniquement pour les blessés. On a créé un réseau médical parce que le système de soins était détruit : vaccination, prise en charge des maladies chroniques et des besoins médicaux courants n’étaient plus assurés. En plus les déplacés qui s’installent dans des zones qui ne sont pas exposées aux attaques ont besoin de soins médicaux. Quand cette prise de conscience s’est faite, un premier dispensaire a été ouvert en janvier 2013 dans la zone à l’est de Hama. La situation évoluant sur le terrain, des hôpitaux de campagne ont été transformés en dispensaires. Et aujourd’hui il y a huit dispensaires.

Ainsi à Tarmala, il y a un service de pédiatrie et une maternité où des césariennes peuvent être faites. C’est le seul hôpital de la région qui dispense ces soins et il est ouvert 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Car les gens qui habitent dans cette zone ne peuvent pas aller dans les hôpitaux des zones tenues par le gouvernement. » 

Minisite "Syrie, 4 ans après : l'impasse humanitaire" :

Site MSF Syrie 4 ans de guerre

Notes

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