Arrivés au Tchad en février dernier, les réfugiés soudanais se sont regroupés dans différents sites, le long de la frontière. Pour la grande majorité d'entre eux, il ne s'agit pas de la première attaque. Presque tous disent
avoir été déplacés, en 2003 ou en 2004, suite à des attaques de
miliciens. D’abord des bombardements aériens, puis l’intervention des
véhicules de l’armée soudanaise et des miliciens à cheval.
« C’était
vendredi, nous étions allés à la prière », raconte Ibrahim, un habitant de
Seleah. « C’est alors que les bombardements ont commencé, avec des avions Antonovs.
Tout de suite après, des pick-up de l’armée et des hommes à cheval sont entrés
dans le village. Ils ont commencé à tirer sur les gens et à tout piller. Nous
nous sommes réfugiés dans la chambre, mais les miliciens nous ont poursuivis et
ils ont commencé à tout prendre. Quand ils ont voulu prendre la couverture de
ma femme, elle a dit non, pas ça, c’est pour couvrir les enfants. Alors ils lui
ont tiré une balle. Ensuite ils ont tout pris, même le cheval, et ils sont
repartis».
Les premiers réfugiés sont arrivés au Tchad le 9 février, fuyant les
attaques sur Seleah, Abu Shuruj et Sirba, au Darfour. Une deuxième vague, venue de la région du Jebel Moon, les a suivi à
partir du 20 février, racontant les mêmes événements.
« Les
bombardements ont commencé le mardi, avec des avions Antonovs et des
hélicoptères », explique Zara, une femme de 26 ans venue d’un village
situé au pied du Jebel Moon, région montagneuse proche de la zone. « On
s’est tous réfugiés dans la montagne, mais les miliciens nous ont poursuivis et
ils ont tué beaucoup de gens. J’étais cachée dans une grotte. L'un d’eux est
entré et a regardé. Quand il m’a vu, il a tiré. J’ai reçu une balle à la jambe
et une autre au bras. Mon fils est mort sur mon dos. Il avait un an et
demi ».