« Selon les Nations unies, en juillet 2015, près de 2,7 millions de Centrafricains (soit la moitié de la population) ont toujours besoin d’une aide humanitaire d’urgence... Je n’en doute pas. Car, malgré une présence accrue des acteurs de l’aide et une accalmie sécuritaire générale, les faits sont les suivants :
- Lors de la dernière crise, 45% des structures de santé du pays ont été détruites ;
- 85% des structures sanitaires encore fonctionnelles du pays le sont grâce au soutien des ONG, et notamment de MSF qui à elle seule gère actuellement 13 hôpitaux, 1 300 lits d’hospitalisation, 37 centres de santé etc. ainsi que la seule structure de prise en charge chirurgicale et de référence 24/7 de Bangui, la capitale ;
- Le système sanitaire national, déjà défaillant avant la dernière crise et totalement déstructuré aujourd’hui, a du mal à se (re)mettre en place : pas d’équipes cadres dans certaines préfectures et/ou districts sanitaires, insuffisance - voire absence - de système de surveillance épidémiologique et d’approvisionnement en médicaments dans plusieurs zones du pays etc. ;
- En province, certaines activités médicales indispensables, vitales même, telles que la vaccination de routine des enfants ou encore la prise en charges des patients infectés par le VIH et/ou la tuberculose ne sont plus assurées que par des ONG, dont MSF ;
- Parce qu’en effet les couvertures vaccinales restent insuffisantes voire même régressent, les épidémies de maladies pourtant évitables grâce à la vaccination sont une menace permanente : flambées de rougeole persistantes depuis 2013, épidémie de coqueluche fin 2014, de rubéole début 2015, augmentation du nombre de cas de méningite dans certaines localités, etc.
- L’insécurité perdure dans certaines zones et y perturbe, voire entrave, la délivrance de l’aide humanitaire ;
- La reconstruction tant annoncée n’a toujours pas commencé ;
- En juillet 2015, 20% de la population centrafricaine est encore déplacée [près de 426 000 déplacés - dont 36 900 répartis sur 34 sites de regroupement à Bangui] ou réfugiée [environ 460 000 personnes vivent encore au Tchad, au Cameroun ou en République démocratique du Congo) ;
Alors oui je doute que l’accès aux soins médicaux en général (et encore moins aux soins de qualité) soit - aujourd’hui encore - une réalité pour la majorité de la population Centrafricaine… Nous ne devons pas oublier la RCA ! »
La RCA fait face à une situation d’urgence sanitaire chronique et prolongée
Et la crise politique et les violences qui secouent le pays depuis 2013 ont encore aggravé la pénurie de services de santé dans son ensemble.
Dans la plupart des régions, la crise a lourdement impacté les infrastructures de Santé publique (pillages, destructions, fuite du personnel). Aux maux « habituels » et chroniques du pays : paludisme (62% des consultations ambulatoires dispensées par MSF en 2014) ; couverture vaccinale extrêmement basse ; prévalences importantes du VIH/SIDA (le taux le plus élevé d’Afrique Centrale) et de la tuberculose ; malnutrition ; mortalité materno-infantile… Il faut aujourd’hui rajouter d’importants besoins en santé mentale (populations traumatisées par les violences et exactions subies depuis deux ans, insécurité et peur permanentes, absence de perspectives).
MSF travaille en RCA depuis 1996. Depuis fin 2013, l’organisation a doublé son assistance médicale (soins primaires, psychologiques, maternels, pédiatriques, nutritionnels et chirurgicaux, prise en charge des patients souffrant de VIH/sida et de tuberculose) dans le pays afin de répondre à l’urgence et venir en aide aux victimes de violences, ainsi qu’aux populations déplacées. Le volume opérationnel déployé est considérable : plus de 2 300 personnels déployés dans une quinzaine de projets répartis sur l’ensemble du territoire (hôpitaux ; dispensaires mobiles ; campagnes de soutien à l’activité vaccinale de routine …) A cela s’ajoutent nos projets d’aide aux réfugiés, notamment au Cameroun, en RDC et au Tchad.
En 2014, MSF a dispensé plus de 1.3 million de consultations externes et a admis 59 059 patients dans ses structures médicales. MSF a assisté 17 118 femmes lors de leur accouchement. Tout au long de l’année, MSF est intervenue auprès des victimes de violences et d’accidents (13 070 actes chirurgicaux effectués et 740 victimes de violence sexuelle prises en charge en 2014) ; assistance aux populations déplacées (camp de Mpoko, enclaves musulmanes de Carnot et de PK5, dispensaires mobiles autour de Bossangoa et Bambari etc.)
EN SAVOIR PLUSRetrouvez notre dossier consacré à la crise frappant la République centrafricaine.