Depuis des mois, la briqueterie désaffectée sert de halte aux réfugiés qui rejoignent la frontière, plus au Nord. Nombre d’entre eux ont la gale ou des poux, ils souffrentd’infections cutanées, de problèmes gastro-intestinaux ou musculaires, des problèmes fréquents à cause des conditions de vie éprouvantes qu’ils subissent pendant leur périple depuis les îles grecques.
Partout, des indices confirment qu’ils sont dans l’urgence : vêtements éparpillés sur le sol au milieu de cendres refroidies, ours en peluche abandonnés, couteaux en plastique usagés et autres affaires que les gens ont laissées derrière eux. Des cartons dépliés servent de lits de fortune, on recense également quelques tentes, pour certaines abandonnées, mais d’autres abritent encore des familles.
Ce matin, le soleil brille au milieu d’un ciel immaculé. Il est encore tôt mais la température avoisine déjà les 30 degrés. On se presse à l’entrée de l’usine, qui abrite les deux seuls robinets d’eau.
Dans la queue, près du camion où s’opère la clinique mobile, Haseeb, 13 ans, est originaire de Kunduz, en Afghanistan. Il a eu des problèmes de reins par le passé et souffre aujourd’hui de douleurs d’estomac. Il patiente sagement avec un ami afghan jusqu’à ce que l’infirmier lui fasse signe de passer derrière la bâche verte, où l’attendent le médecin MSF et un interprète.
Une briqueterie désaffectée près de Subotica sert de halte aux réfugiés avant de passer la frontière avec la Hongrie. Plusieurs centaines de personnes s’y arrêtent chaque jour. © MSF
Déshydraté et épuisé
Cela fait deux mois qu’Haseeb a quitté l’Afghanistan avec sa mère, Zubida. Ils ont traversé le Pakistan, l’Iran et la Turquie, avant d’embarquer pour la Grèce puis ont rejoint la Macédoine et la Serbie. Ils attendent maintenant de passer en Hongrie. C’est la première fois qu’Haseeb voit un médecin depuis que sa mère et lui ont quitté l’Afghanistan. Il est déshydraté et épuisé par le long voyage. Tanya, l’infirmière MSF, lui donne des comprimés pour soulager ses douleurs d’estomac et lui conseille de boire beaucoup d’eau.
Déshydratation et fatigue sont monnaie courante chez les patients des cliniques mobiles de MSF en Serbie. Le voyage stressant et éprouvant entraîne également inflammations, fractures, ampoules et entorses…
L’équipe de MSF opère la clinique mobile pour les réfugiés qui s’arrêtent dans l’ancienne briqueterie. © MSF
Football et école
Haseeb est l’un des 15 patients vus par l’équipe de MSF ce matin. Il fréquentait l’école de Kunduz jusqu’à ce que les violences l’obligent à ne plus aller en cours et que l’école elle-même soit bombardée. La mère d’Haseeb est médecin. Son père était un officier de police et a été tué par un attentat suicide il y a quatre ans. Avec la hausse de la violence et de l’insécurité, tous deux ont décidé de quitter Kunduz mais le frère d’Haseeb, lui, est resté là-bas. Haseeb nous confie que sa vie à Kunduz lui manque. De même que le reste de sa famille, ainsi qu’aller à l’école.
« Mon rêve, c’est de voir la paix en Afghanistan, déclare-t-il, mais je sais que ce n’est pas possible pour l’instant. Alors nous sommes partis pour vivre là où on ne se bat pas. »
Après la consultation, Haseeb nous montre sa cicatrice sur l’avant-bras. Tout sourire, il explique qu’il s’est coupé en jouant au football à Kunduz. La profondeur de l’entaille a nécessité des points de suture, réalisés à l’hôpital de MSF à Kunduz. Haseeb rêve de jouer au foot pour son pays. « Nous n’avons pas de bonne équipe afghane, moi je veux être comme Cristiano Ronaldo. »
En plus de ses activités à Subotica, MSF opère également des cliniques mobiles à Belgrade, où transitent un nombre croissant de migrants. En juin, les activités médicales ont également commencé à Presevo, près de la frontière avec la Macédoine.
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