Avant la crise, la famille était pauvre mais pouvait se nourrir et vendre ce qu’ils cultivaient au marché, du maïs, du manioc, des arachides... Mais, avec l’arrivée des rebelles des ex-Sélékas sur la ville, tout a changé. Au cours des violences qui ont suivi, Igor a perdu son frère et sa sœur. Il a dû fuir en brousse, avec sa femme et ses enfants, abandonnant leur maison. Les ex-Sélékas ont alors tout pillé chez eux et ont détruit les précieuses réserves de semences que la famille gardait pour pouvoir cultiver. Leurs amis et voisins ont eux-aussi tout perdu…
Depuis, ils ne peuvent plus aller dans leurs champs. Igor essaye de gagner de l’argent en lavant des motos. Sa femme vend de petits articles sur le marché, mais cela ne suffit pas pour nourrir une famille de six personnes. Igor a alors décidé de partir pendant trois mois chez sa sœur, dans la ville voisine de Berberati, pour chercher de l’aide. Alors qu’il était absent, Tatiana est tombée malade. Sa mère n’arrivait plus à nourrir les quatre enfants. Tatiana a alors basculé dans la malnutrition.
Igor constate que depuis le départ des musulmans de Carnot, l’activité commerciale de la ville s’est nettement réduite. Moins de voitures et moins de marchandises circulent. Il sait que les ex-Sélékas qui ont perpétré des exactions lors de leur offensive ne sont pas les mêmes que ces personnes aujourd’hui enfermées, enclavées, dans l’enceinte de l’église de la ville.
« Je voudrais que les musulmans reviennent. Ils ont le même sang que moi, ils font partie de la société centrafricaine », affirme-t-il.
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