Témoignage du Yémen : « Cette guerre nous tue à petit feu »

Mansoor et son fils Aseel à l'hôpital MSF dédié à la santé materno infantile à Taïz.
Mansoor et son fils Aseel, à l'hôpital MSF dédié à la santé materno-infantile, à Taïz. © Mohammed Sanabani/MSF

Mansoor Abdulla, 28 ans, est père de 3 enfants. Il travaille dans le milieu du bâtiment à Taïz, dans le sud-est du Yémen. Parfois, il doit se rendre à Hajjah et Al Dhale afin de gagner assez d’argent pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille. La guerre et les raids aériens l’ont forcé à fuir sa maison. Il nous a raconté son histoire à l’hôpital Mother and Child de MSF, pendant que son fils était hospitalisé.

Je travaille comme ouvrier du bâtiment à Taïz. À cause de la situation actuelle, j’ai à peine assez d’argent pour nourrir ma famille. J’ai 3 enfants, et mon fils Aseel, qui a 7 ans, souffre de convulsions. Il est atteint d’un trouble auditif : il est à la fois sourd et muet. Parfois, il marche normalement, puis tombe soudainement. La dernière fois, il s’est cassé une dent et a saigné abondamment.

Quand la guerre a commencé, les hôpitaux de Taïz sont devenus quasiment inaccessibles. Et si quelqu’un arrivait y accéder, il n’était pas sûr de recevoir un traitement médical adapté. Beaucoup d’hôpitaux sont fermés à cause de la guerre. D’autres ne sont plus fonctionnels car il n’y a plus d’électricité.

Mon voisin savait que mon fils était malade. Il m’a conseillé de le conduire à l’hôpital MSF, car il y recevrait un traitement, gratuitement. Au début, je ne le croyais pas,  je ne savais pas que MSF était une organisation humanitaire. Je pensais que c’était le nom de l’hôpital ou d’une entreprise. J’ai réussi à réunir l’argent nécessaire pour prendre le bus et je suis parti pour l’hôpital MSF. Lorsque je suis arrivé avec mon fils, les équipes MSF m’ont tout expliqué et se sont très bien occupés de nous. Ils l’ont pris en charge dès notre arrivée, et j’ai senti que mon fils serait en sécurité ici.

Le traitement pour mon fils est coûteux : je paie 7500 rials yéménites (30 $) toutes les deux semaines. Avant la guerre, j’arrivais à payer cette somme mais aussi à envoyer de l’argent à ma famille. Mais la guerre a stoppé les projets de construction, tout le milieu du bâtiment tourne au ralenti. Désormais je ne peux ni payer le traitement de mon fils, ni nourrir ma famille. Avant de connaître l’existence de MSF, j’ai dû vendre l’or de ma femme pour pouvoir payer le traitement de mon enfant.

Avant, j’arrivais à prendre soin de ma famille et à scolariser mes enfants. Depuis le début de la guerre, nos vies se sont arrêtées. Je ne peux plus travailler, je ne peux plus rien payer. Cette guerre nous tue à petit feu. J’aimerais pouvoir travailler hors du Yémen, et ainsi envoyer de l’argent à ma femme pour qu’elle puisse nourrir et soigner mon fils.

Activités de MSF au Yémen

MSF mène des activités dans 11 hôpitaux et centres de santé au Yémen, et apporte son soutien à 18 autres hôpitaux ou centres de santé dans huit gouvernorats : Aden, Al-Dhale, Taiz, Saada, Amran, Hajjah, Ibb et Sanaa.
Entre mars 2015 et mars 2016, MSF a reçu plus de 144 000 personnes dans ses services d'urgence et a pris en charge plus de 37 000 blessés de guerre.

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Activités de MSF au Yémen

EN SAVOIR PLUS

► Consulter notre dossier sur la crise au Yémen.

Notes

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