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Gaza : un rapport de MSF dénonce la campagne
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Tsunami Asie - Retour sur une intervention

Indonésie Janvier 2005
Indonésie Janvier 2005 © Christian Aslund

Graziella Godain, directrice adjointe des opérations de la section française de MSF, dresse un bilan de l'intervention de notre association suite à la catastrophe survenue le 26 décembre dernier dans le sud-est asiatique et explique les limites de notre action.

Peux-tu nous expliquer quelles ont été les étapes de notre intervention pour venir en aide aux victimes du Tsunami ?

L'ensemble des sections MSF se sont mobilisées pour mener plusieurs missions exploratoires. En 24/48 heures, nous étions sur les lieux des différentes zones sinistrées. Très vite, le Sri Lanka et l'Indonésie sont apparus comme les pays les plus touchés. C'est là que nous avons concentré notre action. La section française de MSF est intervenue sur la côte est du Sri Lanka et dans la province d'Aceh, au nord de Sumatra. Nos activités se sont déroulées en trois phases, en fonction de la situation que nous avons trouvée sur le terrain. La première, celle de l'urgence médicale, a été la plus courte. En effet, on le sait, les catastrophes naturelles provoquent plus de morts que de blessés et n'entraînent pas une déstabilisation généralisée des systèmes de santé comme c'est le cas dans les situations de guerre. Et, au Sri Lanka comme en Indonésie, ce sont les personnels de santé locaux, pas les secours internationaux, qui ont joué un rôle décisif dans la survie des blessés graves.Ainsi nous avons soutenu les hôpitaux de Meulaboh et de Sigli, en assurant la prise en charge post-opératoire des blessés pendant une quinzaine de jours seulement. En parallèle, nos équipes ont continué de sillonner la région, afin de se faire une idée plus précise de la situation des populations sinistrées. Ceci nous a permis de mesurer l'ampleur de la réaction nationale et internationale.

Qu'il s'agisse de nourriture, d'accès aux soins ou d'eau potable, l'aide s'est développée massivement. En revanche, il manquait des abris pour les familles sinistrées. Nous avons donc distribué des tentes familiales, pour leur permettre de se réinstaller où elles le désiraient, dans les camps où l'aide est la plus massive, sur leur parcelle ou ailleurs. Nous aussi avons distribué du petit matériel (outillage, ustensiles de cuisine, etc) ; cette action marque la deuxième phase de nos opérations, dans un contexte où le déploiement de l'aide arrive à saturation, parfois jusqu'à l'aberration... Au Sri Lanka, une de nos équipes s'est retrouvée la vingtième à visiter un village le même jour, quand une autre présente en Indonésie s'est étonnée, trois semaines après la catastrophe, de découvrir plusieurs centaines de personnes n'ayant reçu aucune aide extérieure. Autre besoin qui n'était pas couvert localement et pour lequel nous avons une vraie légitimité, le soin psychologique. Cela a fait et fait encore partie de nos activités auprès de ces personnes qui ont traversé un événement très traumatisant. Arrive enfin la troisième phase de notre intervention, une fois que les besoins les plus urgents ont été couverts.

En quoi consiste cette troisième phase, et est-elle du ressort de MSF lorsque la survie des populations n'est plus en jeu ?

La phase d'urgence passée, nous aurions effectivement pu rentrer à la maison, au regard de nos compétences et du nombre d'acteurs présents. Mais l'élan de solidarité et la confiance de nos donateurs ont été tels qu'ils nous ont poussés à réfléchir à des actions qui dépassent le cadre habituel de nos interventions. Pour aider les populations de certains villages dans lesquels nous avions procédé à des distributions à retrouver des moyens de gagner leur vie, nous est par exemple venue l'idée d'investir dans la construction de bateaux. Notre but n'était pas de renouveler toute la flotte de ces villages sinistrés mais de favoriser l'émulation, "d'amorcer la pompe" et de donner l'envie à d'autres de faire la même chose. Après nous être assurés de la disponibilité des matières premières, 80 embarcations ont ainsi été réalisées, avant que de nombreux acteurs nous emboîtent le pas et prennent le relais. Et fassent souvent mieux que nous! D'autres idées ont jailli mais n'ont pas été retenues. Je pense notamment à la distribution d'argent, sous la forme de chèques par exemple. Si la question ne s'est pas posée longtemps dans la région du Sri Lanka où nous intervenions - le gouvernement ayant distribué des sommes d'argent aux sinistrés - cette idée ne me semble pas avoir été suffisamment explorée pour Aceh, en Indonésie. Les équipes ne se sentaient peut-être pas suffisamment à l'aise pour jouer les coffres-forts ambulants, au risque de créer des injustices de surcroît ; peut-être aussi que ce type d'action sortait trop de nos habitudes d'humanitaires... Si cette solution avait été retenue, soulignons néanmoins qu'il se serait agi de distribuer cet argent sur une population limitée, bien identifiée au départ, comme pour les bateaux.

Il y avait pourtant une autre voie, celle de la reconstruction. Pourquoi MSF n'a-t-elle pas souhaité y participer ?

Lorsqu'on prononce ce mot "reconstruction", il faut savoir de quoi on parle. S'il s'agit d'urbanisation, de développement socio-économique, de redéfinition de la carte démographique, de propriété foncière ou de plan d'occupation des sols, il s'agit d'un enjeu politique, qui met en scène les acteurs publics, l'aide bilatérale entre Etats. On est loin des planches, des clous et des quatre poteaux en bois coiffés de tôle ondulée ! La question est de savoir qui va décider quoi, que veut l'Etat, qui est propriétaire de quoi, où vont pouvoir se réinstaller les familles qui habitaient en bordure du littoral, quels seront les choix retenus sur le cadastre... Et MSF n'a évidemment ni les compétences, ni le poids nécessaire pour peser dans ce genre de décisions. Cela n'est à notre avis pas le rôle ni la place d'une organisation humanitaire. D'ailleurs, les expériences passées (après l'ouragan Mitch, le tremblement de terre de Bam) montrent que la participation des organisations humanitaires à la reconstruction n'est pas déterminante. C'est la raison pour laquelle 6 mois après le tsunami, on trouve encore des situations choquantes : des gens sous tente, voire les pieds dans l'eau... Les enjeux fonciers, financiers et administratifs sont tels qu'ils ralentissent le processus. Nos volontaires de retour de mission ne disent pas autre chose lorsqu'ils décrivent la vie au Sri Lanka ou à Aceh aujourd'hui : réunions, tractations, mais une reconstruction au point mort, mis à part les particuliers qui s'y sont lancés de leur propre chef. La reconstruction prendra donc beaucoup de temps, et lorsque celle-ci sera engagée, ce seront les entreprises de construction et les autres opérateurs privés compétents qui obtiendront les marchés et joueront le rôle le plus important. Les organisations d'aide qui ont collecté de l'argent pour s'investir dans la reconstruction devront sous traiter leurs programmes à ces opérateurs... Encore une fois, ce n'est pas cette conception là que nous avons de l'action humanitaire. En tant qu'organisation médicale d'urgence, nous préférons mettre nos compétences au service de situations de crises aiguës oubliées, complètement délaissées par les acteurs de l'aide, comme le Niger, où notre présence dans des régions gravement touchées par la pénurie alimentaire permet de sauver des vies.

Dossier spécial Tsunami

Pour plus d'informations sur les différentes actions menées par MSF lors de cette catastrophye, consultez notre dossier spécial Tsunami.

Notes

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