Dans
ses programmes de prise en charge des malades de la tuberculose, Médecins Sans
Frontières fait face à deux crises majeures : l'augmentation du nombre de
patients atteints des formes multirésistante et ultrarésistante de la maladie
et l'extension rapide de la tuberculose dans des contextes à forte prévalence
du sida. Dans ces environnements, la tuberculose est très difficile à
diagnostiquer et à traiter.
En 2006, les équipes de Médecins Sans Frontières ont soigné, dans plus de 40
pays, 20.000 malades de la tuberculose. Parmi eux, de plus en plus souffrent
des formes multirésistante mais aussi ultrarésistante de la maladie.
Depuis 1999, MSF a traité 570 patients atteints de tuberculose multirésistante
en Abkhazie, Géorgie, Arménie, Cambodge, Kenya, Thaïlande, Ouganda et
Ouzbékistan. En dépit des moyens importants déployés et d'un suivi méticuleux
des malades, seuls 55% des patients ayant démarré leur traitement (d'une durée
de 18 à 24 mois) entre 1999 et 2005 l'ont mené avec succès. 21% ont abandonné
le traitement, 13% sont décédés. Pour 9%, le traitement a échoué et 3% sont
toujours sous traitement. Certains patients ont développé une tuberculose
ultra-résistante malgré le traitement reçu.
Ces résultats médiocres sont comparables à ceux obtenus dans d'autres
programmes menés par d'autres acteurs et montrent la très faible efficacité des
traitements disponibles et le casse-tête qu'est le traitement de la tuberculose
sous ses formes résistantes. A Khayelitsha, un bidonville d'Afrique du Sud où
MSF soigne des malades atteints du VIH/sida, 160 cas de tuberculose
multirésistante ont été recensés, dont 9 cas de tuberculose ultra-résistante et
deux suspectés de l'être.
Diagnostiquer et traiter la tuberculose multirésistante dans un contexte de
forte prévalence VIH représente un autre défi important. Lorsqu'une personne
séropositive contracte la tuberculose, elle passe plus rapidement à la phase
active de la maladie et la probabilité qu'elle en meure est plus élevée que
chez une personne séronégative.
Or, en dépit de cette situation alarmante, les travaux de
recherche-développement et les moyens alloués à la R&D sur la tuberculose
sont très insuffisants. Il est donc urgent de relancer la recherche et, sans
plus attendre, de mettre à la disposition des patients les médicaments en cours
de développement.