Où en est-on aujourd’hui du diagnostic et de la prise en
charge de la tuberculose ?
On assiste aujourd’hui à un changement de discours des institutions internationales
sur les enjeux liés au diagnostic et au traitement de la tuberculose. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) commence à reconnaître la nécessité
de se doter de nouveaux outils et donc que soit mené plus de recherche.
A l’échelle de MSF, nous devons donc continuer à montrer nos
résultats, présenter les différentes approches mises en place dans nos
programmes, en démontrer l’efficacité. Mais aussi à en souligner les limites, à
cause du manque d’outils de diagnostics et de traitement adaptés.
Concernant la tuberculose multi-résistante, l’OMS estime à
500 000 le nombre de nouveaux cas chaque année dans le monde. Il y a quelques
années, on pensait que cette forme de tuberculose était limitée aux pays de
l’ex-Union Soviétique.
On constate maintenant que, partout où l’on se donne les
moyens diagnostiques, on trouve des cas! Avec le traitement actuel (qui
dure 2 ans et provoque de nombreux effets secondaires), il n’est pas réaliste
de penser que tous les cas pourront être correctement traités.
Un traitement
plus simple et plus efficace doit donc être trouvé au plus vite.
Quelles ont été les évolutions dans les programmes
MSF au cours de l’année écoulée ?
Nous avons poursuivi nos efforts pour la généralisation de
l’utilisation du traitement de 6 mois à la place de celui de 8 mois, pour la
tuberculose simple. Ce traitement plus court a fait la preuve d’une plus grande
efficacité. Nous avons aussi opté pour le traitement auto-administré avec une
bonne information et un bon suivi du patient.
De plus, afin d’augmenter notre capacité à diagnostiquer la
tuberculose multirésistante, nous avons renforcé notre collaboration avec le
laboratoire de l’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers. Une biologiste et un
technicien de laboratoire MSF y travaille pour réaliser les cultures
et les antibiogrammes pour l’ensemble de nos projets, en particulier pour les
patients les plus à risques (en échec thérapeutique ou qui rechutent).
Quelles sont les priorités pour MSF en 2008 ?
Le diagnostic de la tuberculose chez les patients VIH est une priorité. Nous menons un projet pilote à Homa Bay, au Kenya, où nous avons
introduit les cultures pour tous les patients VIH chez qui il existe une
suspicion de tuberculose. Il s’agit d’un investissement important, financier et
en terme de ressources humaines. La technique employée permet d’obtenir un résultat en deux
semaines au lieu d’un mois avec la méthode classique. Cette réduction du délai est essentielle dans cette région du Kenya, où 80% des patients
tuberculeux sont co-infectés par le VIH.
Plus spécifiquement, nous voulons améliorer le diagnostic de
la tuberculose multirésistante chez les patients infectés par le VIH. Le plus souvent, ces patients meurent
avant même que l’on ait pu confirmer le diagnostic par des tests (le délai pour
obtenir les résultats d’antibiogrammes est de 2 à 3 mois avec les techniques
classiques). Nous voulons donc explorer la faisabilité sur le terrain des
techniques moléculaires (PCR). Elles permettent d’évaluer la résistance à la
Rifampicine et d’obtenir les résultats en moins de 24 heures.
Autre priorité, l’amélioration du contrôle des infections
nosocomiales dans nos structures de soins. Ce volet est pris en compte dans nos
programmes verticaux, mais il est souvent négligé dans les autres programmes, notamment
en Afrique. Nos structures de soins ne
doivent pas être des lieux de risque d’infections.
Plus de 25 000 patients
ont été traités pour tuberculose dans plus de 100 projets.
Dans la moitié de ces projets, la prise en charge de
la tuberculose est intégrée à l’offre de soins généraliste.
Dans un quart des
projets, elle est intégrée à des programmes VIH/sida.
Le nombre de malades
atteints de TB MDR mis sous traitement augmente : 580 en 2007
contre 260 en 2006.