Dans les villes le long de la ligne de front dans les régions de Donetsk et de Luhansk, les bombardements se poursuivent et, dans certains quartiers, les gens n’ont pas d’autre option que de rester dans les caves ou dans des abris datant de la Seconde guerre mondiale pour assurer leur sécurité. Les banques ont fermé leurs portes et la plupart des habitants de ces régions n’ont plus accès aux liquidités. Les personnes âgées ou handicapées sont particulièrement vulnérables, et ont de plus en plus de mal à accéder aux soins médicaux et à acheter leurs traitements.
L’annonce faite le 15 novembre par le gouvernement ukrainien de retirer les services sociaux des régions contrôlées par les rebelles et d’y suspendre toutes les allocations de retraite, va exacerber les difficultés déjà rencontrées par les populations les plus vulnérables cet hiver. L’État va également supprimer son soutien aux hôpitaux de la région et les médecins, les infirmiers, les travailleurs sociaux et les autres fonctionnaires ont reçu l’ordre d’évacuer.
"Plus de six mois après le début du conflit, les hôpitaux des régions de Donetsk et Luhansk cèdent sous la pression de milliers de blessés et de personnes déplacées », précise Stéphane Prévost, directeur de la mission MSF en Ukraine.
« Les lignes d’approvisionnement médical sont souvent coupées et, dans certains cas, complètement interrompues. Les hôpitaux ont épuisé leurs budgets pour 2014 et nombre de personnels médicaux n’ont pas été payés depuis des mois."
Équipements médicaux
Depuis mai, les équipes MSF fournissent des équipements médicaux d’urgence à 59 structures médicales des deux côtés de la ligne de front à Donetsk et Luhansk. Ils ont permis de soigner plus de 10 250 blessés. Pour faire face aux pénuries, nous fournissons également aux hôpitaux des films de rayons X, de l’insuline, des générateurs et des instruments chirurgicaux.
Outre le besoin permanent d’équipements afin de soigner les blessés, les équipes MSF ont également identifié des défaillances significatives dans les autres services de santé généraux comme la dialyse, les soins maternels et le traitement des maladies chroniques, y compris le diabète, l’hypertension, la tuberculose et le VIH/SIDA. Plus le conflit s’éternise, plus les défaillances vont se faire sentir sur l’approvisionnement de traitements, ce qui touchera en premier lieu les patients atteints de maladies chroniques. Même quand les médicaments sont disponibles, de nombreuses personnes ne disposent pas d’argent pour les acheter.
Soutien psychologique
"Les gens qui vivent dans la zone de conflit ainsi que ceux qui ont fui vers les régions plus sûres s’exposent à des événements traumatiques comme les bombardements, les tirs, et la perte de membres de leur famille ou d’amis", ajoute Stéphane Prévost.
"Le déclenchement brutal du conflit implique que de nombreuses personnes souffrent de traumatismes dus à la perte de leurs repères, en raison de la destruction de leur mode de vie, de leur maison, de leur travail, de leurs réseaux sociaux et familiaux. Les gens sont très anxieux : ils ne savent pas ce que leur réservent les prochains mois."
Les psychologues de MSF assurent un soutien psychologique aux personnes touchées par le conflit dans plusieurs villes des deux côtés de la ligne de front. Nos équipes proposent un soutien psychologique individuel collectif ou familial, une éducation aux réactions émotionnelles à la suite d’événements traumatiques et des outils pratiques pour aider les gens à faire face aux situations d’anxiété, de peurs extrêmes et de cauchemars. Depuis août, les équipes MSF ont assuré 764 consultations individuelles et 60 consultations collectives aux personnes touchées par le conflit.
Les psychologues MSF dirigent également un programme de formation pour les psychologues locaux, les travailleurs sociaux et les personnels médicaux qui travaillent dans la région touchée afin de les aider à améliorer leurs compétences et éviter le burn-out. Depuis août, ils ont mené 330 sessions de formation, sur des sujets comme les premiers secours psychologiques, la gestion du stress et celle des patients agressifs.
Outre ce soutien psychologique, MSF a fourni également plus de 1 800 kits d’hygiène intégrant les produits fondamentaux comme le savon, les équipements dentaires, des serviettes, des couvertures, des aliments pour bébé et des couches, pour les personnes déplacées qui ont trouvé refuge dans les régions situées à proximité de la zone de conflit. Les équipes MSF ont également distribué 15 000 couvertures aux hôpitaux et aux personnes vivant dans des conditions précaires dans les régions de Donetsk et Luhansk en prévision de l’hiver.
Continuité des traitements contre la tuberculose en prison
Depuis 2011, MSF pilote un programme de traitement de la tuberculose résistante aux médicaments au sein du système pénitentiaire régional de Donetsk. Tout au long du conflit, MSF poursuit tous les efforts possibles pour maintenir ce projet et venir en aide aux patients afin d’éviter toute interruption de traitement, tout échec de suivi et tout développement complémentaire de résistance aux médicaments. Nous sommes très inquiets face aux dysfonctionnements enregistrés dans l’approvisionnement de médicaments au système pénitentiaire de Donetsk, qui suscitent des craintes quant au risque que les prisonniers développent une résistance complémentaire aux médicaments.