Nombreux sont les villageois qui ont quitté cette région, mais d’autres, qui n’ont pas pu fuir au plus fort des combats, se retrouvent maintenant abandonnés à leur sort. Ce sont principalement des personnes âgées souffrant de pathologies chroniques, telles que les maladies cardiovasculaires, l’hypertension et le diabète.
Les infrastructures, y compris les transports publics et les structures médicales, ont été fortement endommagées. MSF, l’une des seules organisations internationales à fournir une assistance médicale et psychologique directe à ces populations, est témoin de l’impact que ces destructions ont sur leur santé mentale et physique.
Dans le village d’Opytne, les habitants sont privés de tout accès aux soins et aux médicaments essentiels. Ce village situé sur la ligne de front se trouve en territoire détenu par les forces gouvernementales, face à l’aéroport détruit de Donetsk qui fait désormais partie de la République populaire autoproclamée éponyme.
Survivant dans des bâtiments partiellement détruits, les habitants y dépendent des organisations non gouvernementales internationales pour se nourrir, se chauffer et s’alimenter en électricité. Isolés, sans moyens de transport, ces villageois n’ont d’autre choix que de vivre dans l’angoisse permanente du conflit. Les bombardements à proximité entraînent une anxiété et une dépression aiguës et coupent les voies d’accès aux soins ordinaires pour les pathologies chroniques.
En réponse, une clinique mobile de MSF composée d’un médecin, d’un infirmier et d’un psychologue a commencé le 14 décembre à fournir des soins de santé primaire et à proposer des consultations psychologiques aux villageois, grâce à des sessions de conseil individuelles et collectives. Les psychologues de MSF transmettent aussi des techniques de réponse au stress aux enseignants et au personnel médical vivant dans la zone de conflit, à travers des formations de sensibilisation à la santé mentale.
« C’est de loin la situation la plus désespérée que j’ai vue dans ce projet depuis mon arrivée en mai 2017. Sur les dix patients que nous avons déjà examinés, la moitié présentaient une tension artérielle supérieure à 200, signe du stress constant auquel ils sont soumis », explique Myriam Berry, coordinatrice terrain de MSF pour l’oblast (province) de Donetsk.
« Comme il n’y a pas de route, il n’y a pas de voitures dans le village et les habitants doivent marcher plusieurs kilomètres avant d’atteindre Avdiïvka [une ville voisine] à travers champs. Pendant deux mois après notre première évaluation, nous avons tenté d’accéder à ce village », explique Myriam Berry. En effet, Opytne est très difficilement accessible via un étroit chemin de terre le long de la ligne de front car les autres entrées sont réservées à l’armée militaire et possiblement minées. « Les problèmes de sécurité et les mauvaises conditions météorologiques, qui transforment la route en coulée de boue, nous ont longtemps empêchés de passer. Maintenant, nous cherchons à examiner tous les habitants qui ont besoin de soins médicaux et à fournir suffisamment de médicaments pour deux mois, au cas où nous rencontrons de nouveau des difficultés d’accès. »
MSF gère des cliniques mobiles dans 28 localités de l’oblast de Donetsk, où ses quatre équipes sont basées en dehors de Marioupol et de Kourakhove.