Une centaine de personnes hospitalisées en urgence chaque jour à Niamey
« La situation est inquiétante car la méningite peut tuer 50% des personnes infectées et laisser des séquelles neurologiques si elle n’est pas rapidement prise en charge », explique Dr Louis Kakudji Mutokhe, coordinateur médical pour MSF au Niger. Les admissions ont légèrement diminué au cours de la dernière semaine, passant de 160 à 100 par jour dans le centre de Lazaret (Niamey) mais la vigilance reste de mise. « En milieu urbain, le surpeuplement et la promiscuité peuvent augmenter le risque de propagation de la maladie », s’inquiète Dr Louis Kakudji Mutokhe.
Le Niger est confronté à différentes souches de l’épidémie de méningite qui se relaient. « La souche W135 et la souche C sont particulièrement meurtrières chez les jeunes adultes et les enfants car dans cette région la population est uniquement immunisée contre la souche A, grâce à une grande campagne de vaccination menée en 2010 », poursuit Dr Louis Kakudji Mutokhe.
Les épidémies de méningite survenant en Afrique de l’Ouest sont habituellement dues à des sérogroupes A/C, pour lesquelles existe un vaccin bivalent A/C. Mais, c’est la première fois que des épidémies de méningites W135 et C de cette ampleur apparaissent au Niger.
Faute de vaccins disponibles en quantité suffisante sur le marché mondial, la priorité de MSF est aujourd’hui de se concentrer sur la prise en charge des patients. Les équipes médicales s’affairent donc à diagnostiquer et traiter le plus précocement possible les malades afin de réduire la morbidité et la mortalité.
MSF soutiendra également des centres de santé dans la périphérie de Niamey pour prendre en charge les cas simples, et référer les cas graves avec cinq ambulances. Plus de 3000 malades ont déjà été soignés depuis l’ouverture du centre de Lazaret le 23 mars.
L’épidémie sévit également dans les régions de Tillabéry et Dosso
Dans la région de Dosso, des équipes de MSF se rendent dans les centres de santé de nombreux villages du département de Doutchi afin d'examiner les patients, de recueillir des données médicales et de faire des dons de médicaments pour le traitement de la maladie. « Les familles sont conscientes du danger de la maladie mais se sentent aujourd’hui impuissantes face cette épidémie qui ne cesse de se propager. Il est inacceptable que des gens continuent de mourir d’une maladie qui est pourtant évitable », poursuitJulien Matter, chef de mission pour MSF au Niger.
En parallèle à la prise en charge des cas, en collaboration avec le ministère de la Santé, MSF a déployé des équipes chargées de vacciner près de 32 000 personnes à Bakin Tapki, Rouda Goumandey et Maikalgo.
« L’épidémie de méningite affecte des structures de santé déjà fragilisées qui ne peuvent très souvent pas supporter le coût financier que le traitement de cette maladie entraîne », conclut Julien Matter.
La méningite : une maladie virulente
Le Niger se trouve au sein de ce qui est communément appelé la « ceinture de la méningite ». Dans la région du Sahel, l'épidémie se déclare particulièrement pendant la saison sèche, à partir de décembre, lorsque commence à souffler l'harmatan, vent chaud, sec et chargé de poussières et qui fragilisent les muqueuses de l'appareil respiratoire.
Chez les patients, la méningite se manifeste souvent par des maux de tête, une fièvre élevée, des nausées, des vomissements, une intolérance à la lumière et une raideur de la nuque. L'infection est transmise par l'homme à travers des gouttelettes de salive. Le patient atteint de méningite est contagieux mais la transmission en cas d'épidémie se fait essentiellement par des personnes porteuses de la bactérie mais ne développant pas la maladie (porteurs sains). Les cas graves peuvent également impliquer une fièvre comateuse, des convulsions et en l’absence de prise en charge en urgence, le décès peut survenir dans les heures suivant l'apparition des symptômes.
Au Niger, en plus des réponses aux urgences, MSF soutient des programmes médico-nutritionnels pour les enfants de moins de 5 ans dans les régions de Zinder, Maradi et Tahoua. Les enfants souffrant de malnutrition sévère qui ont besoin d’être pris en charge sont hospitalisés dans les centres nutritionnels des hôpitaux de Zinder, Magaria, Madarounfa, Guidan Roumdji, Madaoua et Bouza. Plus de 87 000 enfants souffrant de malnutrition aiguë et 180 000 atteints de paludisme ont été traités en 2014 dans des centres de santé gérés par MSF et ses partenaires.