Alors que le Zimbabwe est en crise depuis des années, la situation s'est considérablement aggravée avec une inflation record, une pénurie de produits de base, une répression des opposants au régime et de nouvelles restrictions imposées aux organisations humanitaires pendant la période précédant les élections contestées de juin.
Cette crise est particulièrement préoccupante dans un pays où l'on estime à deux millions le nombre de personnes vivant avec le sida.
Selon les Nations Unies, l'espérance de vie au Zimbabwe a chuté à 34 ans à cause de la pandémie de sida. Conséquence de la crise, de nombreux patients sous traitement ne mangent plus à leur faim, n'ont plus les moyens de payer leur transport jusqu'à l'hôpital, ou tout simplement craignent de quitter leur maison.
Au Zimbabwe, MSF prend en charge 40 000 personnes atteintes du sida, la moitié étant sous anti-rétroviraux.
Certains patients ayant manqué leur rendez-vous, on a pu craindre qu'ils aient quitté le pays. Or, toute interruption soudaine de traitement peut avoir de graves conséquences sur la santé des patients, conduisant à l'échec de traitement dû au développement de résistances.
Cette année, les Zimbabwéens ont continué de quitter massivement le pays. La fuite d'un grand nombre de personnels soignants contribue au démantèlement d'un système de santé déjà altéré.
Quelque 3 millions de Zimbabwéens ont gagné l'Afrique du Sud, chiffre sans précédent dans un contexte hors conflit. Des milliers de personnes traversaient chaque jour le fleuve Limpopo pour rejoindre Musina, ville sud-africaine frontalière, prenant ainsi le risque d'être battus, violés ou dépouillés.
Pour leur venir en aide, MSF a lancé un projet à Beitbridge, une autre ville frontalière, et a mis en place des dispensaires mobiles pour les nouveaux arrivants le long du fleuve Limpopo et dans la ville de Musina.
En Afrique du Sud, les réfugiés sont contraints de vivre dans la clandestinité afin de ne pas être arrêtés puis déportés. En mai dernier, des Zimbabwéens, ainsi que d'autres migrants, ont été la cible de violentes attaques xénophobes, entraînant les déplacements de plus de 100 000 personnes en Afrique du Sud. MSF a fourni une aide d'urgence aux victimes de ces attaques.
Une épidémie de choléra, la pire que le pays ait connue depuis des années, s'est déclarée au mois d'août et s'est rapidement propagée dans le sillage de l'effondrement des infrastructures du pays.
L'épidémie, dont l'épicentre se situe à Harare, a été déclarée urgence nationale au début du mois décembre, date à laquelle MSF avait déjà soigné plus de 11 000 patients.
Les équipes médicales de MSF ont mis en place plus d'une douzaine de centres et d'unités de traitement du choléra, et sont intervenues pour l'assainissement de l'eau et la désinfection des habitations.
Elles ont également sillonné les zones rurales pour soigner d'autres patients.
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D'autres foyers de choléra, particulièrement préoccupants, ont été signalés à la mi-décembre, alors que la saison des pluies n'avait pas encore commencé. En effet, le choléra se propage plus facilement pendant la saison des pluies, de novembre à mars, lorsque les eaux usées contaminées risquent de se déverser dans des puits non protégés.
L'intervention de MSF contre le choléra au Zimbabwe devrait se poursuivre jusqu'en 2009.