Les principaux bailleurs de fonds internationaux continuent de distribuer une aide alimentaire inadéquate aux besoins des enfants en bas âge, a annoncé aujourd’hui Médecins Sans Frontières (MSF), en prévision de la Journée mondiale de l'alimentation du 16 octobre prochain.
Il y a un an, l’organisation avait lancé un appel, accompagné d’une campagne multimédia, Starved For Attention – La crise oubliée de la malnutrition, pour une reforme de l’aide alimentaire internationale. Aujourd’hui, malgré un consensus scientifique solide autour de la nécessité d’une telle reforme, les principaux bailleurs de fonds tardent à revoir leurs stratégies de financement.
« On sait que donner aux jeunes enfants vulnérables une nourriture adaptée peut prévenir l’apparition des formes sévères de malnutrition. Pourtant le système alimentaire mondial n'a pas totalement fait siennes les progrès accomplis par la science en matière de nutrition », a déclaré le Dr Marie-Pierre Allié, présidente de MSF.
Certains des principaux acteurs de l'aide alimentaire, à l’instar du Programme alimentaire mondial (PAM), ont commencé à revoir leurs pratiques et intègrent désormais dans leurs stratégies d’intervention des produits adaptés aux besoins des plus vulnérables. Mais la plupart de l’aide alimentaire internationale envoyée dans les principaux foyers de malnutrition, comme par exemple certains pays d’Afrique sub-saharienne, reste composée d’un mélange de farines de maïs et soja enrichies (Corn-Soy Blend, ou CSB), qui ne contiennent pas les micronutriments et les protéines dont un enfant en pleine croissance a besoin. Les Etats Unis à eux seuls envoient chaque année environ 130 000 tonnes de ces farines inadéquates, produites et traités sur le sol américain, dans les pays en voie de développement.
Au cours des dernières années, une nouvelle génération d’aliments complémentaires pour la jeune enfance, prêts à l’emploi et riches en lait, a permis d’obtenir des résultats très encourageants dans la prise en charge de la malnutrition infantile.
Lors de la grave crise nutritionnelle qui a affecté le Niger en 2010, MSF, en accord avec le gouvernement nigérien et en collaboration avec le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et des ONG nigériennes, a mis en place des activités préventives basées sur des distributions ciblée de compléments prêts à l’emploi à destination d’environ 150 000 enfants en bas âge.
Une étude réalisée par Epicentre, la branche épidémiologique de MSF, a permis de montrer une réduction de la moitié de la mortalité chez les enfants bénéficiaires de ces distributions.
« De nombreux pays, y compris en Europe, ont réussi à résoudre les problèmes de malnutrition et à réduire la mortalité infantile en s'appuyant sur des stratégies qui garantissent un accès à des aliments nutritifs pour les plus vulnérables. Mais nous attendons toujours qu’ils appliquent ces mêmes stratégies à la nourriture envoyée dans le cadre de l’aide alimentaire internationale », déclare le Dr Allié.
En 2010, MSF a soigné plus de 300 000 enfants sévèrement malnutris dans 139 projets nutritionnels et 28 pays à travers le monde.
En juin 2010, MSF et l'agence photo VII ont lancé « Starved for attention », une campagne multimédia exposant la crise négligée et largement invisible de la malnutrition infantile. Des photojournalistes de l’agence VII se sont rendus dans des « points chauds » de la malnutrition dans le monde – des zones de guerre aux pays émergents – pour faire la lumière sur les causes profondes de la malnutrition et sur les approches innovantes existant pour lutter contre cette maladie. 8 documentaires ont été produits, qui peuvent être visionnés sur www.starvedforattention.org