Les délégations des pays développés emmenés par la France, l’Union Européenne et les Etats-Unis présentes en ce moment à l’Assemblée mondiale de la Santé à Genève entravent le processus de négociations pour la mise en œuvre d’une Convention internationale visant à stimuler la Recherche et Développement (R&D) pour répondre aux besoins de santé des pays en développement. MSF demande aux gouvernements américains et européens d’arrêter de bloquer ce processus entamé il y a dix ans et qui rencontre un large soutien au sein des pays en développement.
« Nous sommes surpris de voir aujourd’hui la France ne pas soutenir cette initiative, alors qu’elle a dans le passé joué un rôle central en terme de solidarité envers les pays en développement, notamment avec la mise en place de systèmes de financement innovants pour la santé et l’accès aux médicaments, comme la taxe sur les billets d’avion », commente le Dr Marie-Pierre Allié, Présidente de MSF.
« Dernièrement, le nouveau ministre du Développement Pascal Canfin a d’ailleurs spécifié que la taxe sur les transactions financières, approuvée hier par le Parlement européen, devait servir pour un tiers au financement du développement. Cela fait dix ans que nous cherchons un système pérenne pour juguler les défaillances du modèle actuel d’innovation médicale. Les populations des pays en développement attendent depuis longtemps une réponse globale au manque de recherche spécifique à leurs besoins de santé. Nous ne pouvons pas regarder une poignée de pays développés, au premier rang desquels la France, faire dérailler cette initiative sans réagir. La France doit continuer de jouer son rôle de passerelles entre les pays du Sud et les pays du Nord. »
L’engagement de négociations sur une Convention internationale sur la R&D, dont le cadre serait juridiquement contraignant, est l’une des recommandations centrales du rapport d’experts publiés en avril par l’Organisation mondiale de la Santé, qui a examiné de près les besoins de R&D dans le domaine de la santé dans les pays en développement. Les discussions qui ont eu lieu cette semaine à la réunion annuelle de l’OMS entre les différents gouvernements ont révélé un large soutien pour cette initiative, particulièrement au sein des pays en développement. Une telle convention nécessiterait le soutien financier de tous les gouvernements et pourrait permettre un élément crucial : ne pas répercuter le coût de la R&D sur le prix final des médicaments.