Intitulée Précarité et séroprévalence de la Covid-19 en Ile-de-France, cette étude est la seule à ce jour, en France et en Europe, à estimer, parmi les populations en situation de grande précarité, la proportion de personnes infectées et en évaluer les principaux facteurs associés.
« Les résultats confirment que la circulation du virus a été plus particulièrement active dans les situations où la promiscuité était la plus forte, c’est-à-dire quand la personne doit partager chambre, douches et cuisine avec plusieurs autres personnes » souligne Thomas Roederer, épidémiologiste à Épicentre et responsable de cette étude.
L’étude a été menée auprès de 818 personnes réparties sur deux sites de distribution alimentaire, deux foyers de travailleurs et dix centres d’hébergement d’urgence, situés à Paris, dans le Val d’Oise et en Seine-Saint-Denis.
Dans tous ces sites, la séroprévalence de la Covid-19 – la proportion de personnes exposées au virus qui ont développé des anticorps - s’est révélée très élevée. La variation importante de cette séroprévalence s’explique par la forte promiscuité dans les lieux de vie : de 23 à 62% au sein des centres d’hébergements d’urgence, 18% et 35% dans les deux sites de distribution alimentaire, et 82% et 94% dans les deux foyers de travailleurs. Parmi les 543 personnes ayant participé à l’enquête dans les centres d’hébergement, une personne sur deux était séropositive au SARS-COV-2. À titre de comparaison, une récente enquête de séroprévalence en population menée par Santé Publique France vient de montrer qu’une personne sur dix incluses dans leur enquête était séropositive en Ile-de-France[1].
L’enquête Précarité et séroprévalence de la Covid-19 en Ile-de-France a été conduite auprès d’une population principalement masculine (80%), plutôt jeune (49% de moins de 35 ans) et ne rapportant aucun problème de santé majeur dans la majorité des cas (79%).
Bien que la grande majorité des participants ont indiqué avoir généralement respecté les mesures barrière[2], par ailleurs difficilement applicables sur leurs lieux de vie, vivre la période de confinement dans des situations de grande promiscuité où chambre, cuisine et sanitaires étaient partagés a effectivement accru le risque d’exposition. Ainsi, la séroprévalence parmi les personnes ayant transité par des gymnases est 3 fois plus élevée que celle estimée chez les personnes ayant été relogées directement en centres d’hébergement.