Il y a vingt-cinq ans, l’intensification des combats en Somalie, une sécheresse et une grave crise alimentaire causaient des ravages dans les régions sud du pays. Des milliers de personnes entamaient une fuite éperdue pour traverser la frontière vers le Kenya voisin. Elles s’installaient dans ce qui est devenu depuis le plus grand camp de réfugiés au monde, puisqu’il héberge aujourd’hui quelque 277 000 personnes.
Le 6 mai 2016, le gouvernement du Kenya a annoncé la fermeture des camps de Dadaab avançant des raisons économiques, environnementales et de sécurité. Cette annonce a remis en question l’Accord tripartite de 2013, signé par les gouvernements kenyan et somalien et par le Haut-Commissariat pour les Réfugiés des Nations Unies, qui définissait les conditions de retour des personnes réfugiées, mais uniquement sur une base de volontariat.
La décision a provoqué une vague de craintes et d’anxiété parmi les personnes réfugiées et suscité un tollé dans le monde entier mais aussi un afflux d’aides internationales. Depuis, le HCR des Nations Unies a accepté de contribuer à faciliter ce qu’il appelle les retours volontaires, et de nombreux pays donateurs ont promis de financer le processus. On sait pourtant que la Somalie reste le théâtre de combats mortels et que le pays manque cruellement de services de base essentiels, comme les services de santé et de formation. On estime que la guerre a déraciné 1,1 million de personnes à l’intérieur du pays et poussé 900 000 autres vers des pays voisins. Il y a moins d’un mois, les Nations Unies tiraient la sonnette d’alarme au nom de cinq millions de Somaliens qui souffrent de la faim en raison de graves pénuries alimentaires.
À l’approche de l’échéance en novembre 2016 de la fermeture des camps de Dadaab, Médecins Sans Frontières (MSF) réaffirme son opposition à cette annonce: l’état d’extrême insécurité et la dangereuse absence de soins médicaux démontrent que les conditions requises pour un retour digne et sans danger ne sont tout simplement pas encore rassemblées dans de nombreuses régions en Somalie. Des centaines de milliers de vies seraient mises en danger.