Echec de la communauté internationale au Nord Kivu (RDC)

Reprise de la guerre au Nord Kivu (RDC). La communauté internationale n'apporte pas l'aide appropriée à la population et n'assure pas sa protection.
© Marcus Bleasdale

Reprise de la guerre au Nord Kivu (RDC). La communauté internationale n'apporte pas l'aide appropriée à la population et n'assure pas sa protection.

Paris/Goma, 6 octobre 2008 - Dans les régions les plus instables de la province du Nord Kivu en République démocratique du Congo (RDC), la violence a atteint son niveau le plus élevé depuis des années alors que les personnes qui en ont le plus besoin ne reçoivent pas d'aide, déclare Médecins Sans Frontières (MSF). Des centaines de milliers de personnes ont dû fuir depuis que la guerre a repris fin août.

La communauté internationale n'a pas fait du conflit dans cette région une de ses priorités. Bien que la Monuc (Mission des Nations Unies en RDC) soit la force de maintien de la paix la plus importante actuellement déployée, elle ne remplit manifestement pas son mandat de protection des populations civiles.

Un système d'aide inefficace. De même, la plupart des agences des Nations Unies et des ONG n'apportent pas une réponse humanitaire appropriée alors que la situation humanitaire, déjà désastreuse, se dégrade considérablement. Malgré la présence d'un grand nombre d'organisations humanitaires à Goma, la capitale de la province, peu d'entre elles interviennent dans les régions les plus touchées par la guerre.

Un grand nombre de personnes qui ont maintenant besoin d'aide ont dû fuir de multiples fois. A plusieurs reprises, elles ont perdu leur habitation et leurs biens - souvent à la suite de pillages - et ne peuvent plus faire face. Les besoins de la population sont énormes : nourriture, abri, accès à l'eau, soins médicaux et protection. Et le risque d'épidémie est élevé alors que plusieurs centres de santé ont été pillés.

Des milliers de personnes "invisibles". Une partie des personnes déplacées arrivent dans des camps plus ou moins établis tandis que d'autres s'installent dans des zones reculées à l'abri des combats ou auprès de familles d'accueil. D'autres encore sont devenues « invisibles », se cachant en brousse, prises en étau entre des groupes armés. « Nous apportions une aide à plus de 100 000 personnes à Nyanzale et Kabizo. Et nous ne savons absolument pas où elles ont fui ces dernières semaines, indique Anne Taylor, chef de mission MSF à Goma. Seulement 25 000 personnes sont arrivées à Kayna et Kanyabayonga. Et où sont les autres ? Nous sommes très inquiets sur leur sort. »

Dans d'autres endroits, MSF a trouvé des groupes de personnes très récemment déplacées. A Ngungu, des milliers de personnes vivent dans des conditions épouvantables, sans soins médicaux. Des milliers de personnes sont aussi arrivées à Kitchanga ces dernières semaines. « Il est extrêmement difficile de retrouver les personnes déplacées en raison de la situation sécuritaire très instable et parce que les gens bougent sans arrêt, ajoute Anne Taylor. Mais cela n'est pas impossible. On continue de chercher jusqu'à ce qu'on les trouve et on leur apporte alors une aide vitale. Mais nous sommes bien conscients que nous ne voyons qu'une petite partie de cette crise humanitaire : des centaines de milliers de personnes restent inaccessibles. »

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Au Nord Kivu, les équipes MSF travaillent actuellement à Rutshuru, Nyanzale, Kayna, Kanyabayonga, Kitchanga, Mweso, Masisi et dans les environs de ces localités. Des équipes mobiles font des évaluations et apportent une aide médicale dans de nouvelles zones, notamment Ngungu au Nord Kivu et Minova au Sud Kivu.
62 expatriés et 716 Congolais travaillent pour MSF au Nord Kivu.

Contact presse : Brigitte Breuillac au 01 40 21 29 68

Notes

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