Au 27 avril, 20.000 personnes ont été infectées par le choléra en Angola, et 900 sont décédées. L'épidémie a été déclarée voici deux mois et demi à Luanda, la capitale, où 7.000 cas et plus de 130 décès ont été enregistrés. Elle s'est ensuite propagée à une grande partie du pays. Pour soigner les personnes infectées par cette maladie très contagieuse, mortelle en l'absence de traitement mais qu'une prise en charge à temps permet de guérir rapidement, MSF a installé 10 centres de traitement du choléra (CTC). A ce jour, 11 700 patients y ont été soignés.
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10 semaines après les premiers cas confirmés à Luanda, près de 20.000 personnes ont été touchées, et 900 sont décédées.
© Paco Arevalo / MSF
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L'une des pires épidémies de choléra en Angola...
Dans la semaine du 24 avril, nos équipes sur place ont recensé une moyenne de 30 nouveaux cas et d'un décès toutes les heures. Un nombre croissant de personnes se présente dans nos CTC où elles sont prises en charge par notre personnel médical. Dans l'un de nos centres de Luanda, 240 nouveaux patients ont été admis en 24 heures. Cette structure ayant atteint ses limites et étant débordée, l'équipe a rapidement installé deux nouvelles tentes afin d'augmenter la capacité d'accueil. Le 25 avril, 929 nouveaux cas et 25 décès ont été enregistrés : le bilan quotidien le plus lourd à ce jour alors que le pic épidémique (période durant laquelle le nombre de nouveaux cas par jour est le plus élevé) n'a toujours pas été atteint.
De 1987 à 1995, l'Angola a été régulièrement touché par des épidémies saisonnières de choléra (environ 90.000 cas et 4.500 décès en tout). Depuis, le pays - notamment Luanda et les régions côtières - avait été épargné par les épidémies majeures. En conséquence, la population est très peu résistante au bacille responsable de la maladie. Cette épidémie pourrait encore durer des mois et le bilan risque d'être extrêmement lourd.
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Parfois, les patients arrivent trop tard. Pourtant, pris à temps, le choléra se guérit rapidement.
© Paco Arevalo / MSF
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...mais une mobilisation insuffisante
Or, les mesures prises pour endiguer l'épidémie demeurent largement insuffisantes. Il est crucial que les autorités définissent et mettent en oeuvre une stratégie nationale afin de contenir la propagation de la maladie, assurent l'accès aux centres de traitement, garantissent la mise à disposition gratuite d'eau potable et améliorent les conditions d'hygiène. Un système efficace de collecte des données épidémiologiques doit également être mis en place, afin de suivre et de contrôler l'épidémie, et les campagnes de sensibilisation, en particulier en dehors de la capitale, doivent être intensifiées.
Aujourd'hui, avec 10 CTC en Angola (six à Luanda, un à Benguela, un à Malanje, un à 'Ndalatando et un à Caxito), mobilisant une équipe de 55 expatriés et 330 Angolais, MSF atteint les limites de ce qu'une organisation comme la nôtre peut faire. Il est urgent que les autorités angolaises et que d'autres acteurs humanitaires - Nations unies et ONG - se mobilisent également afin de reprendre le contrôle sur l'épidémie et éviter que le bilan en vies humaines prenne des proportions catastrophiques.
Soigner, mais aussi prévenir
Luanda a vu sa population augmenter rapidement au cours des 30 dernières années, notamment dans les quartiers défavorisés. Les conditions d'hygiène sont déplorables : réseau d'égouts défaillant, accès à l'eau potable limité, nombre de latrines insuffisant, pas de système de collecte d'ordures ménagères. 23 années de guerre civile en Angola (l'accord de paix a été signé le 4 avril 2002) ont fortement endommagé les infrastructures sanitaires. Dans des zones très peuplées, cela favorise la propagation de maladies contagieuses comme le choléra.
Pour éviter la propagation de l'épidémie, nous avons donc aussi mis l'accent sur l'information et la sensibilisation concernant cette maladie extrêmement contagieuse. A Luanda, MSF travaille avec des étudiants volontaires qui se rendent dans les zones les plus touchées, afin de sensibiliser à la prévention du choléra : se laver les mains, traiter l'eau, laver toute la nourriture, notamment les fruits... En effet, les habitants sont très peu informés de ce qu'ils peuvent faire pour se protéger et beaucoup d'idées fausses circulent. De ce fait, beaucoup de malades se présentent tardivement dans les structures de santé et arrivent déjà sévèrement déshydratés, parfois trop tard.