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Fièvre jaune : un essai mené par Epicentre/MSF montre qu’une dose fractionnée du vaccin protège contre la maladie

Un homme se fait vacciner contre la fièvre jaune à Kinshasa (RDC)
Un homme se fait vacciner contre la fièvre jaune à Kinshasa, en RDC. © Dieter Telemans

Administrer une dose partielle du vaccin contre la fièvre jaune est efficace et pourrait permettre de vacciner des millions de personnes supplémentaires en situation d'urgence, selon les résultats récents d'un essai mené par Epicentre, le centre de recherche épidémiologique de Médecins Sans Frontières (MSF), publiés le 9 janvier dans la revue scientifique The Lancet. Les résultats montrent qu'administrer un cinquième de la dose standard du vaccin contre la fièvre jaune est efficace et sûr, ce qui permettrait ainsi d’éviter des flambées épidémiques en cas de pénurie de vaccins.  

« Lors d’une épidémie de fièvre jaune de grande ampleur, les Etats et les organisations comme MSF ont besoin d'avoir accès à des vaccins sans délai, explique Myriam Henkens, coordinatrice médicale internationale de MSF. La vaccination est la mesure la plus efficace de prévention de la maladie. Les soignants savent désormais qu’ils peuvent administrer une dose plus faible de l’un des vaccins contre la fièvre jaune préqualifiés par l'OMS, en protégeant la personne qu’ils ont en face, mais aussi d’autres personnes autour d’elle. »

L'essai clinique, randomisé et en double aveugle, a été mené par Epicentre en collaboration avec l'Institut de recherche médicale du Kenya, l'Institut Pasteur de Dakar et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à Mbarara, en Ouganda, et à Kilifi, au Kenya, entre le 6 novembre 2017 et le 21 février 2018. 

Au cours de cette période, les chercheurs ont administré soit un cinquième de la dose, soit une dose standard de vaccin contre la fièvre jaune à 960 adultes âgés de 18 à 59 ans. Les personnes ayant reçu un cinquième de la dose ont présenté une réponse immunologique non inférieure à celle induite par la dose standard. 

Grâce à ces résultats, la politique de l'OMS sur les doses fractionnées de vaccins contre la fièvre jaune en cas de pénurie lors d'une épidémie peut être étendue à tous les vaccins préqualifiés.

Cet essai clinique représente la première évaluation dans le cadre d'une même étude des quatre vaccins homologués par l'OMS contre la fièvre jaune. Ces vaccins sont dérivés de plusieurs souches du virus : 17DD (Bio-Manguinhos/Fiocruz, Brésil), 17D-213 (Institut de la poliomyélite et des encéphalites virales, Entreprise unitaire fédérale de l'État de Chumakov, Russie), 17D-204 (Institut Pasteur de Dakar, Sénégal) et 17D-204 (Sanofi Pasteur, France).

« Cette recherche est importante car elle montre qu’il est possible de mener des essais de différents produits, appartenant à différents fabricants, de manière indépendante, ajoute Rebecca Grais, directrice de la recherche à Epicentre. C'est la preuve que des chercheurs de différents pays peuvent mener ensemble des recherches indépendantes, et obtenir des résultats qui répondent aux besoins des populations et garantissent des médicaments et vaccins efficaces et sûrs. »

La fièvre jaune est une fièvre hémorragique virale aiguë transmise par certains moustiques qui provoque 30 000 décès par an, principalement en Afrique subsaharienne. Cependant, elle est en progression en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Même si elle ne provoque que peu ou pas de symptômes chez de nombreuses personnes, un petit pourcentage de personnes infectées développent des formes sévères de la maladie, entraînant des hémorragies internes et de graves lésions du foie et des reins. Environ la moitié des personnes qui atteignent ce stade de la fièvre jaune en meurent en quelques jours.

Il n'existe pas de traitement contre la fièvre jaune et la prévention est donc essentielle. Une dose de vaccin permet de protéger une personne à vie. Malheureusement, il faut environ 12 mois pour produire ce vaccin et il est difficile d’estimer les quantités nécessaires chaque année. La capacité de production mondiale ne répond donc pas aux besoins en période d'épidémie, ce qui entraîne souvent des pénuries, et empêche les organisations comme MSF et les gouvernements de protéger les populations.

La fièvre jaune est endémique dans 34 pays d'Afrique ; depuis 2000, les équipes MSF ont répondu à des épidémies en Angola, en République démocratique du Congo (RDC) - par exemple en 2015-16, lors de l’épidémie la plus importante de RDC depuis 30 ans -, en Guinée, au Soudan, en Sierra Leone, en République centrafricaine et au Tchad, entre autres. L’épidémie de fièvre jaune de 2016 en Angola et en RDC a fait émerger les problèmes de disponibilité des vaccins : dans plusieurs pays africains la vaccination de routine contre la maladie a été suspendue pour mettre à disposition une quantité suffisante de vaccins en Angola et en RDC. Dans ces contextes, où l’accès aux soins de santé est limité pour les personnes qui sont atteintes de la maladie, les mesures préventives telles que la vaccination sont déterminantes. 

« Plus d'un milliard de personnes vivent actuellement dans des régions du monde potentiellement affectées par la fièvre jaune, précise Isabelle Defourny, directrice des opérations de MSF. Cette maladie provoque des épidémies de grande ampleur. C'est particulièrement vrai dans les grandes villes, où la fièvre jaune peut se propager rapidement, causant parfois des milliers de décès et des conséquences humanitaires désastreuses. À l'heure où le monde lutte contre de nombreuses autres menaces sanitaires, une étude comme celle-ci est encourageante, car elle permettra d’avoir des effets concrets en termes de vies sauvées. »

Notes

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