Gaza : MSF appelle à un cessez-le-feu immédiat

Crisis in Gaza
Des habitants cherchent des survivants dans une habitation détruite par les frappes aériennes à Gaza. Palestine. Octobre 2023. © Mohammed ABED

Médecins Sans Frontières (MSF) appelle à un cessez-le-feu immédiat à Gaza pour épargner la population et permettre l’acheminement de secours humanitaires. Depuis le vendredi 27 octobre, l’armée israélienne mène des bombardements d’une intensité encore jamais vue : le nord de Gaza est en train d’être effacé de la carte tandis que l’ensemble de la bande de Gaza reste bombardée et que la population n’a pas de lieu sûr où s’abriter.

Les initiatives diplomatiques en cours, et notamment l’adoption d’une résolution non contraignante des Nations unies en faveur d'une trêve humanitaire vendredi, demeurent insuffisantes et n’ont eu aucun effet sur la campagne de bombardements indiscriminés menée sur la population. La communauté internationale doit renforcer son action pour inciter Israël à mettre fin à ce bain de sang.

L’armée israélienne a lancé cette offensive en réponse au déferlement de violence d’une ampleur et d’une intensité inédites par le Hamas, qui a causé 1 400 morts en Israël. Entre le 7 octobre et vendredi soir, le bilan à Gaza s'élevait déjà à plus de 7 300 morts et à environ 19 000 blessés selon les autorités sanitaires locales, et il devrait encore s'alourdir après l’intensification des opérations militaires israéliennes.

Les hôpitaux sont à court de fournitures médicales. En début de semaine, le Dr Mohammed Obeid, notre chirurgien à Gaza, témoignait ainsi : « Les hôpitaux sont submergés de patients, les amputations et les opérations chirurgicales sont effectuées sans anesthésie appropriée et les morgues se remplissent de cadavres. »

La coupure de l’accès Internet et des télécommunications depuis le 27 octobre limite encore davantage la capacité à coordonner et à fournir une aide humanitaire et médicale. MSF a perdu le contact avec la plupart de son personnel palestinien depuis. Les personnes sous les décombres, les femmes enceintes sur le point d'accoucher, les blessés, les malades et les plus vulnérables ne sont plus en mesure d’appeler les secours lorsqu’ils en ont le plus besoin.

Dans toute la bande de Gaza, le nombre de blessés ayant besoin d’assistance médicale urgente dépasse de loin la capacité du système de santé, qui dispose d'environ 3 500 lits. Jamais les offensives israéliennes à Gaza n’avaient fait un si grand nombre de victimes en si peu de temps.

Un jeune patient à l'hôpital Al Shifa dans la ville de Gaza. 
 © Mohammad Masri
Un jeune patient à l'hôpital Al Shifa dans la ville de Gaza.  © Mohammad Masri

Aux conséquences directes des bombardements s’ajoutent les effets du siège. Plus de deux millions d'hommes, de femmes et d'enfants sont aujourd’hui confrontés à un siège inhumain, une punition collective interdite par le droit international humanitaire.

Avant le 7 octobre, entre 300 et 500 camions d'approvisionnement entraient chaque jour à Gaza, où la majeure partie de la population dépendait déjà de l’aide humanitaire. Aujourd’hui, bien que le poste frontière de Rafah soit ouvert, seuls 84 camions sont entrés depuis le 20 octobre – une réponse largement insuffisante face à des besoins qui augmentent à Gaza. De plus, les autorités israéliennes continuent également d'empêcher l'entrée de carburant, qui est essentiel pour faire tourner les hôpitaux ainsi que les usines de dessalement qui produisent de l'eau potable.

En conséquence, les médecins sont contraints de décider qui soigner ou non, faute de moyens suffisants. La population fait face à des pénuries de nourriture, d’eau et de médicaments. L’horreur de cette situation est sans précédent à Gaza.

Parmi les quelques 300 Palestiniens travaillant pour MSF, beaucoup se sont rendus dans le sud de Gaza dans l’espoir de mettre leur famille à l'abri des bombardements. De nombreux autres collègues palestiniens continuent à prodiguer des soins dans les hôpitaux, malgré l’absence du respect le plus élémentaire pour les hôpitaux et le personnel médical qui prévaut dans cette guerre.  Les personnes qui veulent se mettre à l'abri en traversant  le poste-frontière de Rafah devraient être autorisées à le faire sans préjudice de leur droit de retourner à Gaza. Notre personnel international qui travaillait à Gaza avant la guerre se trouve maintenant dans le sud et n'est plus en mesure de coordonner des activités humanitaires. Ils doivent également être autorisés à se rendre en Égypte.

« Nous sommes prêts à augmenter nos capacités d'intervention à Gaza. Nous avons des équipes spécialisées qui attendent de pouvoir entrer à Gaza et d’acheminer des fournitures médicales pour soutenir la réponse médicale d'urgence, dès que la situation le permettra, déclare le Dr Christou. Mais tant que les bombardements se poursuivront à une telle intensité, tout effort visant à accroître l'aide médicale sera inévitablement compromis. »

Les hôpitaux comme Al Shifa dans la ville de Gaza, où les collègues palestiniens de MSF continuent de travailler, sont débordés de patients. Les ordres d’évacuation de l’hôpital lancés par l’armée israélienne sont impossibles et dangereux. Dans ces hôpitaux se trouvent des patients ayant besoin d’aide médicale d’urgence et des milliers de familles déplacées. Les patients, le personnel médical et les structures sanitaires doivent être protégés en tout temps.

« Face à des bombardements incessants et terrifiants, les gens n'ont nulle part où fuir ou se mettre à l’abri. Il faut un cessez-le-feu immédiat, déclare le Dr Christos Christou, président international de MSF. L'acheminement de l’aide humanitaire et médicale et l’accès à l’eau, à la nourriture et au carburant doivent également être rétablis d'urgence.»

Notes

    À lire aussi