Les quelque 6 500 personnes blessées par les soldats israéliens au cours des manifestations ont largement été abandonnées à leur sort. Souffrant de plaies complexes et graves - principalement aux jambes - nombre d'entre elles désespèrent d’accéder à un traitement complet de leurs blessures. Recherchant de l'aide dans un système de santé ruiné par plus d'une décennie de blocus israélien, les blessés ont également été abandonnés par le Hamas et l’Autorité palestinienne qui relèguent au bas de leur agenda les besoins médicaux de la population.
La situation à Gaza, sur le plan médical, financier et humain, est ingérable dans le contexte du blocus actuel, malgré les efforts des équipes du ministère de la Santé et des quelques autres acteurs de santé impliqués dans la réponse. En un an MSF a triplé sa capacité de prise en charge à Gaza mais est dépassée par l'ampleur des besoins. Ce ne sont pas de simples blessures qui peuvent être facilement soignées : des morceaux de jambes ont été soufflés et les os brisés. Les blessés ont besoin de chirurgies répétées simplement pour nettoyer et fermer leurs plaies. Nombre d'entre elles sont infectées, empêchant la chirurgie reconstructive, qui n'est de toute façon accessible qu'à un tout petit nombre à Gaza.
MSF a ouvert des services d'hospitalisation, renforcé ses équipes chirurgicales et soigné des centaines de personnes quotidiennement dans ses cliniques. Cependant, il manque encore de lits pour traiter ces patients, ainsi que de médecins disposant de l'expertise nécessaire pour lutter contre les infections résistantes ou effectuer des chirurgies complexes.
Toutes les autorités responsables de Gaza - tant du côté israélien que du côté palestinien - ont le devoir de prendre des mesures concrètes pour améliorer la situation, ce qu'elles ne font pas, alors que le sort de milliers de personnes reste en suspens. S’ajoutant à un bilan déjà lourd, les violences se poursuivent le long de la clôture, alors que ces dernières semaines se sont accompagnées d’une escalade des tensions.
Des milliers de Palestiniens risquent l’amputation, le handicap à vie ou l’impossibilité de revenir à une vie normale. Les effets économiques et sociaux de cette hécatombe se répercuteront sur une société déjà au bord du gouffre.