A Gaza, les habitants continuent de subir les conséquences du massacre de l’an dernier. Au-delà des morts et du nombre de blessés dont le bilan s’élève à plus d’une dizaine de milliers, dont 7 000 femmes et enfants, le blocus - qui n’a jamais été levé par l’armée israélienne - interdit l’importation de matériaux de base, tels que le ciment, empêchant la reconstruction de quartiers dévastés, pulvérisés. Plus de 12 000 maisons ont ainsi été partiellement ou totalement détruites par l’offensive, dont 70 structures de santé. Le taux de chômage atteint des records et 80% de la population vit sous perfusion humanitaire. Aux insupportables conditions d’existence largement documentées, s’ajoute le désespoir d’une population endeuillée et sans perspective.
Entre deux pics de violence, les Gazaouis partagent avec leurs compatriotes des Territoires occupés oppression et humiliation. Etablis désormais sur moins de 40 % de la Cisjordanie découpée par le béton et enroulée dans les barbelés, ces derniers subissent un harcèlement permanent, des arrestations arbitraires toujours plus nombreuses et des contrôles incessants. « L’armée israélienne et les colons rivalisent de méthodes humiliantes, explique Erwan Grillon, chef de mission MSF à Jérusalem. Les récits rapportés par nos équipes sont tels qu’il suffit d’énoncer les faits pour les dénoncer : chaque jour, nous recevons des patients, dont un tiers ont moins de 13 ans, qui vivent dans l’angoisse et la terreur des incursions nocturnes de l’armée israélienne ou des attaques de colons. Présents à Naplouse depuis dix ans, nous prenons en charge les mêmes symptômes chez les mêmes familles. Rien ne change.»
« Un enfant de huit ans habitant à Gaza a toujours vécu sous blocus et a déjà subi quatre offensives dont deux véritables massacres. La majorité de nos patients ayant besoin de soins chirurgicaux ou de kinésithérapie liés à des blessures de guerre ont moins de 18 ans, poursuit Erwan Grillon. Les conditions de vie des Palestiniens ne cessent de se détériorer. L’importance des accidents domestiques, notamment ceux causés par l’utilisation de produits de chauffage dangereux, en témoigne. En juin, dans notre clinique à Gaza, la grande majorité de nos patients étaient des victimes de brûlures, dont 60% d’enfants. »
Après des dizaines d’années d’occupation et d’échecs politiques, les Palestiniens sont plus que jamais asphyxiés, dépossédés de leur terre et enfermés dans un cycle interminable de violences.
« Il n’y a pas réciprocité dans la responsabilité des violences qui ont lieu dans les Territoires occupés, explique Mégo Terzian, président de MSF. Cette représentation tend à masquer 48 ans d’occupation israélienne brutale, le harcèlement et l’humiliation subis en permanence par la population palestinienne. La rhétorique d’Israël du droit de se défendre sert d’alibi à des offensives toujours plus meurtrières et à une politique coloniale qui asphyxie les Palestiniens et les prive d’avenir », conclut le Dr Terzian.
MSF est présente dans les Territoires Palestiniens depuis 1989. Dans la bande de Gaza, MSF répond à des besoins auxquels le système de santé local ne peut faire face, ainsi qu'aux conséquences - directes ou indirectes - de la violence. MSF gère deux dispensaires de soins post-opératoires (pansements, ergothérapie et kinésithérapie) et mène des missions chirurgicales régulières pour des patients victimes de violence, brûlures domestiques et autres traumatismes ou malformations congénitales. En 2014, plus de 350 interventions chirurgicales, plus de 14 000 séances de kinésithérapie et 15 000 poses de pansements ont été effectuées. 1 136 patients ont bénéficié d’une rééducation. En Cisjordanie, MSF mène des projets de santé mentale dans les gouvernorats de Naplouse et Qalqilya. Notre équipe est pluridisciplinaire (psychologues cliniciens, médecin et travailleurs sociaux). En 2014, plus de 2 200 consultations individuelles ont été dispensées pour 238 nouveaux patients. MSF gère également des projets de santé mentale à Jérusalem-Est et à Hébron.
A lire aussi sur Mediapart (en français) : www.mediapart.fr/node/549447 et sur www.doctorswithoutborders.org/article/aiding-abetting-limits-humanitarian-aid-occupied-palestinian-territories (en anglais), un texte de Jason Cone, directeur général de MSF USA, rédigé lors d'une visite réalisée pour MSF au mois d'avril dernier dans les Territoires occupés palestiniens.
Grâce au hashtag #SummerInGaza, vous pourrez, tout au long de cet été, retrouver les prises de parole de MSF lors de l’offensive militaire israélienne « Bordure protectrice » menée il y a un an sur la bande de Gaza.