Paris/Port-au-Prince, le 8 juillet 2010 - Six mois après le tremblement de terre survenu en Haïti le 12 janvier dernier, Médecins Sans Frontières (MSF) publie, aujourd'hui, un rapport sur la plus grande opération d'urgence de son histoire. Y sont notamment décrites les terribles conditions de vies actuelles en Haïti et les grandes lignes de l'engagement de MSF pour les années à venir.
L'intervention médicale de MSF a évolué au cours des six derniers mois : la réponse d'urgence initiale a laissé place à des activités médicales et d'assistance diverses. « Les Haïtiens ont été les premiers à répondre à la catastrophe et nous avons renforcé nos activités via une intervention d'aide massive. Aujourd'hui, l'accès aux soins médicaux en Haïti s'est amélioré, il est sans aucun doute plus important qu'avant le tremblement de terre, permettant aux populations les plus pauvres de bénéficier de soins de santé appropriés » explique Stefano Zannini, chef de mission MSF, présent à Port-au-Prince au moment où le séisme a tué et blessé des centaines de milliers de personnes ; et détruit les habitations de plus d'un million d'autres.
Néanmoins, la situation reste extrêmement précaire pour la majorité des Haïtiens et, face à la lenteur de la reconstruction, la frustration de la population s'accroît. « Il y a un terrible fossé entre l'enthousiasme et les promesses d'aide faites aux victimes dans les premières semaines qui ont suivi le tremblement de terre, et la désastreuse réalité sur le terrain six mois après » ajoute Stefano Zannini.
MSF fournit également des chiffres sur son intervention. Au 31 mai, durant les 138 jours post-séisme, les équipes de MSF ont soigné plus de 173 000 patients et mené plus de 11 000 opérations chirurgicales. Plus de 81 000 Haïtiens ont bénéficié d'un soutien psychologique, afin de les aider à surmonter leur traumatisme, et MSF a distribué près de 27 000 tentes et plus de 35 000 kits d'aide matérielle.
Le rapport de MSF revient sur les choix difficiles qui ont dû être pris pendant les premières semaines qui ont suivi le séisme. Ainsi, en raison du nombre extrêmement important de blessés, nos équipes ont dû se concentrer presque exclusivement sur la stabilisation des patients et sur les soins chirurgicaux d'urgence, aux dépens d'autres activités essentielles. Le temps nécessaire pour mener des évaluations plus approfondies manquant, le choix des zones d'installation des structures médicales temporaires a été fait à la hâte.
Beaucoup de personnels de santé haïtiens ayant également été victimes du tremblement de terre, un nombre considérable de travailleurs humanitaires internationaux a dû être rapidement envoyé dans le pays. Deux mois après le tremblement de terre, MSF comptait plus de 350 volontaires internationaux sur le terrain, ce qui a fortement éprouvé les ressources humaines et la capacité de gestion de l'organisation. Après avoir engagé davantage de Haïtiens pour travailler dans ses structures, MSF a pu réduire le nombre de ses personnels internationaux (fin mai, 93 % du personnel MSF présent sur le terrain était national).
MSF rapporte également avoir reçu, au 31 mai, environ 91 millions d'euros de dons publics affectés à l'aide d'urgence en Haïti. À la même date, MSF avait déjà dépensé 53 millions d'euros, dont plus de 11 millions ont été consacrés à la chirurgie, 4 millions aux soins maternels (3 700 accouchements ont été pris en charge par MSF) et plus de 8,5 millions à la fourniture d'abris. D'ici la fin 2010, MSF prévoit de dépenser environ 89 millions d'euros pour venir en aide à la population haïtienne.
Il y a encore peu de certitudes sur la rapidité de la reconstruction et sur l'étendue de l'aide médicale que d'autres organisations pourraient apporter. Néanmoins, MSF s'engage à poursuivre, sur les années à venir, ses activités en faveur des victimes du tremblement de terre. « Avant le 12 janvier, le système de santé était déjà fragile en Haïti, explique le Dr Unni Karunakara, président de MSF International. Le séisme a détruit la plupart des structures médicales existantes. Il faudra plusieurs années avant que le pays ne puisse se relever. MSF est déterminée à jouer son rôle dans la reconstruction du système de santé haïtien. L'organisation y consacrera le personnel et les moyens nécessaires. »
Contact : Samuel HANRYON au 01 40 21 28 23 ou [email protected]
Le rapport de MSF intitulé : « Réponse d'urgence après le séisme en Haïti : choix opérationnels, obstacles, activités et finances » est disponible sur notre site www.msf.fr.