En janvier 2015, le bureau indien des brevets avait rejeté une demande de brevet formulée par Gilead sur le sofosbuvir, un nouveau médicament très efficace contre l’hépatite C. Cette décision avait été saluée par les associations de patients indiennes, qui s’étaient opposé à ce brevet, ainsi que par les acteurs humanitaires, dont Médecins Sans Frontières.
Le recours de Gilead contre cette décision a maintenant été accepté.
« C’est une très mauvaise nouvelle pour les patients atteints d’hépatite C dans de nombreux pays en développement, explique Leena Menghaney, responsable de la Campagne d’Accès aux Médicament Essentiels (CAME) de MSF en Asie du Sud. Cette décision va empêcher les producteurs indiens de médicaments génériques de faire leur entrée sur le marché, avec des conséquences pour des millions de personnes, non seulement en Inde, mais aussi dans de nombreux pays dits ‘à revenus intermédiaires’. Ces pays sont aujourd’hui exclus des accords entre Gilead et des producteurs tiers, et n’ont pas accès au sofosbuvir ».
Gilead a signé des accords autorisant des fabricants de génériques indiens à produire le sofosbuvir et à l’exporter dans les pays pauvres, mais pas dans les pays dits ‘à revenus intermédiaires, où vivent environ 50 million de personnes atteintes d’hépatite C. Dans ces pays, le prix du sofosbuvir dépend alors d’une négociation avec Gilead.
Aux Etats-Unis, le sofosbuvir coûte 1 000 dollars par comprimé, soit 84 000 dollars pour un traitement de de trois mois ; en France, le prix pour un traitement est de 41 000 euros par patient, et l’utilisation du sofosbuvir est rationnée. Pourtant, des études estiment que son coût de production est de l’ordre de quelques centaines de dollars par traitement.
En 2014 et 2015, Gilead a vendu le sofosbuvir pour un montant de plus de 15 milliards de dollars dans le monde.