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Journée mondiale des réfugiés : des centaines de mineurs laissés sans protection sur le sol français

Un mineur de 11 ans seul dans la Jungle de Calais. Jon Levy/MSF
Un mineur de 11 ans, seul dans la Jungle de Calais. © Jon Levy/MSF © Jon Levy/MSF

A l’occasion du 20 juin, journée mondiale des réfugiés, Médecins Du Monde (MDM), Médecins Sans Frontières (MSF) et UNICEF France s’unissent pour dénoncer la situation tragique des mineurs non accompagnés en France. Au nombre estimé de 10 000 en France métropolitaine, ces jeunes particulièrement vulnérables représentent pourtant une part très faible des plus de 164 000 enfants accueillis par l’Aide Sociale à l’Enfance.

Or, la grande majorité arrive sur notre territoire à la suite d’un parcours douloureux, ponctué de violences, d’humiliations, pour la plupart rencontrées en Libye. En 2016, plus de 25 000 enfants ont effectué la traversée ; un chiffre deux fois supérieur à celui de 2015 et qui continue d’augmenter. Selon l’UNICEF,  les trois quarts des enfants réfugiés et migrants interrogés ont déclaré avoir subi des agressions et harcèlements de la part d’adultes à un moment de leur périple.

Arrivés en France, ces enfants et adolescents continuent d’être exposés à de multiples dangers : violences et risques d’exploitation, alors même que la France a un devoir de protection envers tous les mineurs quelle que soit leur nationalité. Pour ces mineurs, à la merci des réseaux de passeurs et trafiquants, l’absence de réponse et les prises en charge au rabais, par les autorités, ne sont clairement pas à la hauteur des risques encourus.

Le nombre de mineurs ayant déposé une demande d’asile (474 en 2016) est faible et place la France parmi les pays européens qui en accueillent le moins (ils étaient 36 000 en Allemagne). Nos organisations constatent avec inquiétude que l’identification de ces mineurs n’est pas assurée de manière homogène sur le territoire, et déplorent de larges carences dans l’information qui leur est donnée sur les possibilités de protection ici et ailleurs. Plus largement, le fait que la mise à l’abri ne soit pas toujours inconditionnelle et qu’elle soit uniquement dédiée à l’évaluation de l’âge et de l’isolement renforce la vulnérabilité de ces jeunes et instaure des formes de méfiance à l’égard des institutions qui devraient pourtant les protéger.

La situation d’errance de centaines de mineurs non accompagnés toujours présents à Calais et les renvois systématiques à la frontière franco-italienne sont des violations graves et manifestes des droits de l’enfant. Nous demandons un déploiement et un renforcement des lieux de premier accueil inscrits dans le dispositif de la Protection de l’enfance, sur l’ensemble de leur périple. La mise à l’abri doit garantir un temps de répit préalable à la procédure d’évaluation de la minorité pour permettre l’émergence d’une relation de confiance. Cette mise à l’abri doit permettre l’étude des dangers et des besoins, accompagnée d’un bilan de santé immédiat, d’un accès à des soins préventifs et curatifs ainsi qu’une orientation garantie et accélérée vers les dispositifs de protection de l’enfance, les procédures de réunification familiale à l’étranger et d’asile en France.

En cette journée symbolique, nous exhortons le nouveau gouvernement à se saisir de cette situation et de renforcer les capacités des départements qui ont la mission de protéger ces enfants et adolescents en danger. Il est urgent d’adapter la politique départementale de protection de l’enfance et de renforcer les dispositifs d’accueil provisoire d’urgence, pour garantir l’accès effectif des jeunes à leurs droits, et le respect de leur intérêt supérieur.


 

Notes

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