Alors que le pic de malnutrition annuel est censé être passé au Nigeria, les lits du centre nutritionnel thérapeutique intensif de la ville de Katsina sont toujours occupés par des dizaines d’enfants sévèrement malnutris. Pour certains médecins, comme le docteur Alibaba Nurudeen qui travaille sur place et témoigne dans le documentaire, il s’agit de la partie émergée de l’iceberg, dans une région confrontée à une vague de violences sans précédent.
Sur place, les enlèvements contre rançon, assassinats, viols et attaques de gangs armés menacent la vie de milliers de personnes, empêchant les fermiers de cultiver leurs terres et les familles de se rendre au marché, à l’hôpital ou encore à l’école.
Tourné par l’équipe du réalisateur nigérian Kachi Benson (Daughters of Chibok, 2019), « La peur au ventre » raconte l’histoire de mères, comme Hadiza et Fatima, qui parcourent des kilomètres sur des routes dangereuses pour faire soigner leurs enfants malnutris, et celle de familles entières qui peinent aujourd’hui à se nourrir dans une zone où la malnutrition est endémique, et où les acteurs de santé et les financements manquent.
« Les prévisions en matière de sécurité alimentaire sont inquiétantes pour 2022, alerte Michel-Olivier Lacharité, responsable des urgences pour MSF. Les récoltes sont mauvaises, le prix des denrées alimentaires est en forte augmentation à l’échelle mondiale ce qui risque d’affecter toutes les opérations nutritionnelles, dont celles dans le nord-ouest du Nigeria. Les bailleurs internationaux et les acteurs humanitaires doivent se mobiliser en urgence dans la région. »