Le nombre de patients syriens blessés par des barils d’explosifs augmente au nord de la Jordanie

Majed un bébé de 27 jours blessé à la tête par un éclat provenant d’un baril d’explosifs. MSF
Majed, un bébé de 27 jours blessé à la tête par un éclat provenant d’un baril d’explosifs. © MSF © MSF

Plus de 65 blessés de guerre syriens sont arrivés au service d’urgence de l’hôpital Al Ramtha au nord de la Jordanie ces deux dernières semaines, la plupart blessés par des barils d’explosifs. Il s’agit d’une augmentation significative du nombre de cas reçus par Médecins Sans Frontières.

Durant la dernière semaine de juin, et en trois jours seulement, le service d’urgence a reçu 34 blessés syriens, dont certains ont été stabilisés par les équipes médicales de MSF et référés vers d’autres hôpitaux. Les autres continuent à recevoir des traitements chirurgicaux et à bénéficier de rééducation à l’hôpital où MSF travaille en collaboration avec le ministère de la Santé jordanien pour offrir des soins médicaux de qualité aux patients syriens, à moins de 5km avec la frontière syrienne.

« Plus de 70% des blessés que nous recevons souffrent de blessures causées par des explosions, des blessures qui témoignent des histoires vécues », décrit Renate Sinke, coordinatrice du projet d’urgence chirurgicale de MSF à Ramtha.

MSF et beaucoup d’autres organisations ont appelé de manière répétée à cesser les bombardements des zones civiles en Syrie. Ces appels n’ont eu aucun impact. Des patients de tout âge continuent d’arriver dans la structure de MSF avec des blessures causées par des barils d’explosifs lâchés par hélicoptère sur les zones résidentielles et les structures de santé du sud de la Syrie.

Majed, un bébé de 27 jours blessé à la tête par un éclat provenant d’un baril d’explosifs, fait partie de ces patients arrivés récemment. « A 9h du matin, un baril d’explosifs a touché notre maison à Tafas. Je n’étais pas là à ce moment, je dois travailler pour nourrir ma famille et en prendre soin. Quand j’ai entendu l’information, j’ai laissé tomber ce que je faisais et j’ai couru vers la maison aussi vite que j’ai pu », explique Murad, le père de Majed.

« J’ai trouvé ma femme et ma mère toutes deux blessées mais ça ne paraissait pas trop grave. Ensuite, j’ai vu mon petit garçon. Il était calme et sa tête semblait blessée. Je l’ai emmené à l’hôpital de campagne de Tafas. Ils ont essayé de l’aider mais ils n’ont pas pu car les équipements nécessaires ne sont pas disponibles en Syrie. Il devait aller en Jordanie pour le traitement. Ça nous a pris 1h30 entre le moment où il a été blessé jusqu’à ce que nous arrivions à la frontière, et plus encore avant d’arriver à Ramtha. Maintenant, tout ce que je souhaite c’est que mon bébé aille mieux et que nous puissions  retourner en Syrie », ajoute-t-il.

Ces deux dernières semaines, des rapports font état de structures de santé attaquées dans le gouvernorat syrien de Dara’a, ce qui a mené à une augmentation du nombre de patients syriens qui entreprennent le voyage long et périlleux pour traverser la frontière jordanienne, à la recherche d’un accès aux soins médicaux de plus en plus difficiles à recevoir chez eux. « Une partie significative de nos patients souffrent de blessures à la tête et de blessures multiples qui ne peuvent être traitées dans le sud de la Syrie, étant donné que les scanners et autres options de traitement sont limités », explique le Dr. Muhammad Shoaib, coordinateur médical de MSF en Jordanie.

Actuellement, bon nombre d’hôpitaux en Syrie souffrent d’une capacité limitée de prise en charge des blessures complexes, par manque de ressources humaines et d’expertise médicale, mais également à cause d’un manque d’équipements nécessaires, parfois détruits ou endommagés dans ces attaques. Une situation qui prive les Syriens de soins médicaux indispensables et contribue à la détérioration sanitaire générale.


Depuis le début du conflit syrien, plus de 4 millions de Syriens ont cherché refuge dans les pays environnants, y compris en Jordanie. Médecins Sans Frontières est présente en Jordanie depuis août 2006 avec un programme de chirurgie reconstructrice à Amman. Depuis 2013, MSF soutient les réfugiés syriens et les Jordaniens vulnérables dans les communautés hôtes au travers du programme de chirurgie traumatique d’urgence d’Al Ramtha, ainsi qu’un hôpital maternel et pédiatrique, et deux projets sur les maladies non transmissibles à Irbid.


Activités de MSF en Syrie et dans les pays voisins en 2015 :

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Notes

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