L’application de ces nouvelles recommandations nécessitera un soutien financier accru de la part des bailleurs et gouvernements.
« La mise sous traitement de toute personne infectée, appelé ‘test and treat’ en anglais, peut vraiment changer la dynamique de l’épidémie de VIH. Mais il faudra des changements radicaux et des investissements importants, explique le Dr Tom Ellman, directeur de l’unité médicale de MSF en Afrique du Sud. La prise en charge du VIH doit sortir des hôpitaux et avoir lieu dans les communautés. Les patients séropositifs eux-mêmes sont une partie importante de ces stratégies, grâce à leur motivation et leur engagement, et à condition qu’on leur en donne les moyens. Cela va demander du temps et de l’argent ».
En 2016 se tiendra la réunion des bailleurs du Fonds Mondial de lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme. Les bailleurs de fonds auront alors l’opportunité de montrer leur engagement à donner accès aux pratiques les plus efficaces à toutes les personnes vivant avec le VIH, afin de réduire la propagation de la maladie dans le monde.
« Parmi les Objectifs du développement durable adoptés par la communauté internationale la semaine dernière figure la fin de l’épidémie de VIH/sida à l’horizon 2030, poursuit le Dr. Ellman. Maintenant les dirigeants mondiaux vont devoir montrer s’ils prennent cet objectif au sérieux, car nous ne pourrons pas arrêter l’épidémie sans des approches innovantes ».
L’expérience de MSF dans la prise en charge du VIH ces dix dernières années a montré qu’un tiers des personnes qui ont été diagnostiquées séropositives mais n’étant pas éligibles au traitement ne sont jamais revenues dans une structure de santé. Offrir un traitement aux patients dès que le test de dépistage est positif pourrait réduire de manière importante ce pourcentage.
« Il ne s’agit pas seulement de mettre les gens sous traitement plus tôt, mais aussi de s’assurer qu’ils continuent leur traitement à vie, et de maintenir un niveau ‘indétectable’ de virus dans leur sang, précise le Dr Marc Biot, responsable des projets VIH à MSF. Pour atteindre le plus de patients possible, aussi vite que possible, il faut des modèles simplifiés de soins et des stratégies d’autogestion. Il faut que les gens puissent avoir plus de contrôle sur leur traitement et sur leurs soins. Nous devons nous assurer que les traitements antirétroviraux s’adaptent mieux à la vie des gens, comme c’est le cas pour n’importe quelle maladie chronique dans les pays industrialisés ».
MSF fournit des traitements antirétroviraux dans les pays en voie de développement depuis 2000. Plus de 200 000 patients reçoivent à l’heure actuelle un traitement dans des programmes gérés ou soutenus par MSF.