Malgré le cessez-le-feu, l’horreur continue dans les zones assiégées en Syrie

Mohammed 17 ans photographié le 2 avril 2016 à son domicile à Madaya. Il est décédé de malnutrition deux jours après. La photo ci dessus peut heurter les âmes sensibles. MSF se refuse habituellement à publier des images dégradantes ou dommageabl
Mohammed, 17 ans, photographié le 2 avril 2016 à son domicile à Madaya. Il est décédé de malnutrition deux jours après. La photo ci-dessus peut heurter les âmes sensibles. MSF se refuse habituellement à publier des images dégradantes ou dommageables pour la dignité de ses patients. Toutefois, c'est la volonté de la famille de la victime et de l'ONG de témoigner de l'horreur que vit encore la population civile malgré le cessez-le-feu en Syrie. © MSF © MSF

Bien que le cessez-le-feu et les convois humanitaires aient contribué à réduire l’impact humanitaire du conflit, la situation reste critique dans de nombreuses zones assiégées en Syrie.

« Dans de nombreuses zones assiégées, l’horreur reste d’actualité et n’a pas baissé d’un iota, indique le Dr. Bart Janssens, directeur des opérations à MSF. Ces deux dernières semaines, un médecin a été abattu par un sniper, deux hôpitaux de fortune que nous soutenons ont été bombardés, certains quartiers assiégés ont continué d’être la cible de roquettes et l’assistance médicale est restée bloquée ou limitée dans les zones assiégées de la région de Damas. »

« Nous réitérons notre appel à la cessation des violences aveugles et ciblées à l’encontre des civils et des zones civiles, a ajouté le Dr. Janssens. Il est urgent que les évacuations médicales et les convois humanitaires soient autorisés dans l’ensemble des zones où les populations nécessitent des soins, en particulier dans les zones assiégées. »

Le dernier médecin de Zabadani tué par balle

La semaine dernière, le dernier médecin de la ville assiégée de Zabadani et un secouriste ont été abattus par un sniper après avoir pris en charge un patient.

La plupart des zones assiégées ne comptent plus que quelques médecins et certaines n’en ont même plus du tout. Certains ont fui, mais la plupart ont été tués dans des bombardements ou des tirs de roquette. MSF a recensé 23 travailleurs de la santé syriens soutenus par l’organisation tués en 2015 et 58 blessés.

Dans certaines zones assiégées, il est fréquent de voir des étudiants en médecine encore en formation apprendre sur le tas. Ils font tout leur possible pour aider, mais malgré les conseils et le soutien techniques que MSF tente de leur apporter à distance, ils ne sont pas en mesure de délivrer des soins complexes, ni de diagnostiquer correctement les cas difficiles.

Deux hôpitaux bombardés

Ces deux dernières semaines, deux hôpitaux de fortune soutenus par MSF dans les quartiers périphériques assiégés de la Ghouta orientale, une école voisine, ainsi que plusieurs bâtiments inhabités ont été bombardés, faisant au moins 38 victimes et 87 blessés, dont cinq parmi le personnel de santé.

N’ayant reçu que très peu de ravitaillement au cours des derniers mois, les médecins actifs dans ces zones sont contraints de s’approvisionner clandestinement auprès de MSF et d’autres organisations humanitaires en matériel médical.

Ces dernières semaines, plusieurs zones assiégées de la région de Damas dans lesquelles MSF soutient des structures médicales ont été la cible de bombardements, notamment les villes d’Al Marj, de Deir al-Asafir et de Zebdin.

Articles médicaux retirés des convois

Selon certains médecins soutenus par MSF, les rares convois d’aide humanitaire internationale autorisés à entrer dans les zones assiégées se voient retirer des articles médicaux essentiels, tels que le matériel chirurgical, les anesthésiques et les poches de sang. À l’arrivée, la quantité de solutions intraveineuses est également dérisoire. Or, ces articles sont d’une nécessité absolue pour soigner les victimes de bombardements, de pilonnages et de traumatismes accidentels, ainsi que prendre en charge les cas de césariennes ou les accouchements difficiles. Récemment, les Nations unies ont estimé à 80 000 le nombre d’articles médicaux retirés des convois en 2016.

Evacuations médicales toujours interdites

Sur les quarante structures médicales régulièrement soutenues par MSF dans les zones assiégées de la région de Damas, seuls quelques patients ont pu bénéficier d’évacuations d’urgence. Un grand nombre de personnes y sont pourtant dans un état critique et nécessitent des traitements vitaux indisponibles du fait de l’état de siège. La semaine dernière, cinq personnes sont décédées à Madaya, dont trois auraient probablement pu être stabilisées et soignées si les évacuations d’urgence avaient été autorisées : un enfant est décédé quelques heures après avoir joué avec des munitions non explosées, une personne âgée a succombé à ce qui était probablement un accident vasculaire cérébral et un jeune homme est mort de malnutrition.

Malnutrition

Malgré les convois, plus de cent cas de malnutrition ont été recensés par l’équipe médicale locale à Madaya et sept de malnutrition aiguë à Al Madamiyeh.

Etat de siège total toujours en vigueur

Certaines zones, telles que Darayya et Douma restent totalement inaccessibles à tout convoi humanitaire et les interdictions répétées d’accès aux quartiers assiégés de Barzeh près de Damas et d’El Waer près de Homs sont préoccupantes.

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Notes

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