Jérusalem, le 4 avril 2002.
L'organisation internationale d'aide médicale, Médecins Sans
Frontières, affirme que l'obstruction à l'aide médicale auprès des
civils palestiniens dans les Territoires Occupés a atteint un degré
alarmant. A l'heure où de simples Palestiniens sont soumis à la plus
intense pression militaire, MSF a fait l'objet de sévères restrictions
sur ses tentatives d'atteindre les familles les plus isolées. Même à
Hébron et dans la bande de Gaza, où MSF travaille et où l'armée ne
concentre pas ses attaques, l'accès aux soins médicaux est sérieusement
menacé.
Un incident particulièrement perturbant s'est déroulé
le matin du 2 avril. Une équipe médicale de MSF (composée d'un médecin,
d'un traducteur et d'un conducteur) s'est rendue à Um Amer, un village
du district de Hébron, pour faire des consultations médicales auprès de
familles palestiniennes vivant dans des régions reculées. La voiture
MSF était clairement identifiée avec des autocollants et un drapeau.
Chacun des membres de l'équipe portait un gilet MSF.
En route,
l'équipe a rencontré deux check point militaires et a reçu
l'autorisation de poursuivre son chemin après avoir montré les cartes
d'identification MSF.
Le troisième check point a impliqué 3
soldats israéliens qui ont bondi de derrière des arbres et forcé la
voiture à stopper sous la menace de leurs armes. Ce n'est qu'après
avoir clairement expliqué le but médical de notre mission que la
voiture fut autorisée à poursuivre sa route.
A l'approche du
village de Um Amer, la voiture a été à nouveau arrêtée par deux hommes
en civil armés de fusils automatiques. Ces hommes qui ne portaient
aucun signe distinctif, étaient visiblement des gardes de la colonie de
peuplement voisine. Pendant la vérification des pièces d'identité de
l'équipe MSF, ils ont confisqué les clefs de la voiture.
L'équipe a
ainsi été retenue pendant plus d'une demi-heure avant de recevoir
l'autorisation de repartir, sans que ne leur soit fournie la moindre
explication.
Ce dernier incident, illustre à nouveau les
entraves continuelles au travail de nos équipes, qui s'efforcent
d'exercer leur droit d'accéder librement à la population civile.
Il
est aussi en contradiction totale avec les garanties offertes à nos
équipes par l'armée israélienne quant à la liberté de mouvements des
équipes MSF travaillant dans les territoires occupés. Nous avions
demandé, par le passé, le droit de pouvoir circuler librement dans le
cadre de notre pratique médicale et ce droit nous avait été concédé.
Aujourd'hui,
la situation s'étant largement dégradée, nous ne sommes plus assurés de
la validité des engagements pris. Même lorsque nous recevons une
autorisation, le droit de passage nous est de plus en plus
régulièrement renié.
MSF considère ceci comme une violation de
notre droit d'accéder aux victimes de ce conflit comme elle est aussi
une violation du droit des civils d'accéder aux centres de santé. MSF
est fortement préoccupé par l'indifférence qu'affiche l'armée
israélienne dans ce genre de situations. Ceci inclut non seulement
l'attitude des soldats israéliens aux check points, mais aussi le fait
que l'armée israélienne autorise des milices indépendantes et armées à
interférer, comme bon leur semble, dans notre travail.
MSF tente actuellement, dans le cadre de sa mission d'assistance
médico-psychologique, d'intervenir auprès des familles palestiniennes
de Hébron et Gaza. Nos équipes, constituées de 10 expatriés médicaux et
de 23 employés palestiniens tentent d'atteindre d'autres villes en
Cisjordanie afin d'effectuer une évaluation de l'ensemble des besoins
médicaux et d'urgence.
Pour plus d'information, vous pouvez contacter : Alain Frilet au
+33 (0)1 40 21 29 08, Elisabeth Castaing au +33 (0)1 40 21 27 25 ou
Pierre Salignon +33 (0)1 40 21 29 20.