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Médecins Sans Frontières est alarmée face à la crise alimentaire en Angola

« Ce que nous voyons en ce moment n'est que la pointe de l'iceberg » - Frédéric Meylan, chef de mission de MSF à Luanda.

Médecins Sans Frontières est de plus en plus inquiète quant à l'ampleur de la crise alimentaire actuelle en Angola. Depuis le début du processus de paix, des zones, jusque là inaccessibles (" zones grises "), s'ouvrent lentement. Des milliers de personnes qui vivaient depuis des années complètement isolées ? sans apports nutritionnels suffisants, ni aide d'aucune sorte ? se trouvent dans des zones où elles n'ont aucun moyen d'assurer leur survie. La majorité souffre de malnutrition. Beaucoup d'entre eux sont déjà morts et beaucoup d'autres mourront si des mesures d'aide d'urgence immédiates ne sont pas adoptées.

Il y a trois jours, une équipe MSF a mené des évaluations rapides dans deux camps récemment ouverts dans la province de Malange, dans le centre-nord du pays. Des soldats de l'Unita et les membres de leur familles, dont nombre d'entre eux ont été enrôlés de force pendant la guerre civile, arrivent de la brousse vers ces camps afin d'être démobilisés. L'équipe MSF a estimé le taux de mortalité à 7 personnes sur 10 000/par jour, ce qui est 7 fois supérieur au seuil de gravité.

MSF a commencé à transférer les enfants les plus sévèrement malnutris vers les centres de nutrition thérapeutique (CNT) de Malange. " La vision de tant de gens dans un état aussi catastrophique est accablante. Il semble que les faibles soient déjà morts, et que les forts soient déjà faibles. J'ai parlé à quelques femmes qui avaient perdu tous leurs enfants. Il n'y a pas de mots assez forts pour exprimer la souffrance de ces gens ", explique Els Adams, coordinateur du projet MSF à Malange

Au cours de ces deux dernières semaines, MSF a ouvert trois nouveaux centres nutritionnels thérapeutiques à Malange, portant ainsi leur nombre à 5. Actuellement, 360 enfants et adultes y ont été admis pour un programme de nutrition thérapeuthique.

Les équipes de MSF donnent des chiffres similaires sur la malnutrition dans d'autres régions en Angola : Chipindo, Bunjei, Chilembo, Chitembo, ou encore Menongue où, depuis plus d'une semaine, MSF a pris en charge 150 enfants souffrant de malnutrition sévère. Certains d'entre eux sont arrivés à pied, dans des conditions de délabrement physique extrême, d'autres par les camions de l'armée angolaise. Trop faibles pour se nourrir seuls, certains enfants doivent être ré-alimentés très progressivement par sonde naso-gastrique et avec un suivi médical important. 8 repas par 24 heures et par enfant seront nécessaires pour les sauver, mais en quelques jours les résultats peuvent être spectaculaires. Un enfant malnutri reste en moyenne 23 jours dans un Centre de Nutrition Médicalisée, dont 5 jours en phase de nutrition intensive, avant d'être admis dans un programme de nutrition supplémentaire où il recevra 2 repas par jour pendant encore 2 à 4 semaines.

MSF demande aux Nations Unies d'immédiatement faire face à cette crise. Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) devrait également mettre en place, au plus vite, une distribution alimentaire générale pour les civils les plus démunis, afin d'éviter que la malnutrition de la population ne s'aggrave.

Les équipes de Médecins Sans Frontières doivent faire face à une situation aussi exceptionnelle qu'urgente : des dizaines de milliers de personnes, en particulier les enfants, sont en danger de mort. 27 années de guerre civile, couplées à la destruction de la majorité des infrastructures médicales et sanitaires, ainsi que l'extrême précarité de la population civile, font de ce pays l'une de nos plus importante missions (11 programmes sont menés dans 9 provinces, sur les 18 que compte le pays, par plus de 100 expatriés et 1000 personnels nationaux).

Notes

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