Morsures de serpents : MSF se félicite de la stratégie définie par l’OMS

Aguek Deng, une patiente au Sud-Soudan victime d'une morsure de serpents
Aguek Deng, une patiente au Sud-Soudan victime d'une morsure de serpent © MSF

Ces mesures pourraient marquer ‘un tournant historique’ dans la lutte contre ce fléau oublié.

Médecins sans frontières (MSF) salue la publication de la stratégie de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sur la prévention et le contrôle des envenimations dues aux morsures de serpent, avec l'objectif ambitieux de réduire de moitié le nombre de morts et les cas d’invalidité d’ici 2030.

« La mise en œuvre de cette stratégie pourrait constituer un tournant historique dans la lutte contre cette maladie. Les gouvernements, bailleurs de fonds et autres parties prenantes doivent maintenant lui apporter leur soutien politique et financier, a déclaré Julien Potet, spécialiste maladies tropicales négligées pour MSF. Il faut que chacun saisisse cette opportunité pour réduire des morts et des invalidités qui sont pour la plupart évitables ».

Chaque année, l’OMS estime que 5,4 millions de personnes sont mordues par un serpent, dont 2,7 millions sont victimes d’envenimation (intoxication par la morsure), ce qui provoque la mort de plus de 100 000 personnes ainsi que la défiguration ou l’invalidité de 400 000 autres. Les morsures de serpent touchent principalement les populations précaires vivant en milieu rural. Les serpents tuent plus de personnes que toute autre maladie figurant sur la liste des maladies tropicales négligées de l’OMS. Dans plusieurs de ses pays d’intervention, MSF est témoin de l’impact dévastateur des morsures de serpent pour les victimes, leurs familles et les communautés.

Pourtant, les morsures de serpents sont curables, mais la grande majorité des victimes n’ont pas accès à un traitement efficace. Soit le coût est trop élevé, soit les traitements sont indisponibles. Le traitement d’une morsure peut demander plusieurs doses de sérum antivenimeux et leur prix peut s’élever à plusieurs centaines de dollars. Beaucoup de familles se retrouvent endettées en essayant d’obtenir un traitement. D’autres ont recours à des thérapies traditionnelles ou des sérums antivenimeux moins chers de qualité douteuse, ce qui contribue également aux taux élevés de décès et d'invalidité.

Comme demandé par MSF depuis plusieurs années, la stratégie de l’OMS recommande que les traitements actuels et à venir soient efficaces et abordables financièrement et préconise un plan ambitieux pour augmenter les taux de traitement et l'accès aux sérums antivenimeux dans les régions les plus touchées. La stratégie insiste également sur la nécessité de sensibiliser à la prévention, aux premiers secours et aux endroits où chercher un traitement approprié.

« Les invalidités et les décès causés par les morsures de serpent représentent une épidémie cachée, déclare le Dr Gabriel Alcoba, conseiller en médecine tropicale chez MSF. La stratégie de l’OMS concernant les morsures de serpents met à juste titre l’accent sur l’autonomisation des communautés et le renforcement des systèmes de santé. Il faut aborder ce problème de façon globale, et la prévention dans les communautés est également très importante.».

Des mesures concrètes doivent également être engagées pour encourager la mise sur le marché de traitements contre les morsures de serpent. Plusieurs laboratoires pharmaceutiques ont récemment arrêté la production de sérums antivenimeux destinés à être utilisés en Afrique car elle n'était pas suffisamment lucrative, ce qui accroît le risque d’une pénurie de ces produits.

« Pour garantir l'accès à des sérums antivenimeux de qualité, il est urgent d’accélérer la recherche concernant les produits existants, et de financer un mécanisme international d’approvisionnement en sérums antivenimeux à prix subventionnés. Les sérums antivenimeux doivent être disponibles gratuitement pour les personnes victimes d’une morsure de serpent, pour qui l'accès est une question de vie ou de mort », conclut Julien Potet.

Note aux éditeurs:

MSF a traité plus de 3000 patients pour des morsures de serpent en 2017, principalement en Afrique subsaharienne et au Moyen-Orient. Environ la moitié de ces personnes ont eu besoin d’un traitement antivenimeux, fourni gratuitement par MSF. La majorité des victimes de morsures de serpent ont été soignées dans des projets MSF en République centrafricaine, au Soudan du Sud, en Ethiopie et au Yémen. MSF a également pris en charge un nombre important de personnes en Tanzanie, au Kenya, au Cameroun, au Soudan et en Sierra Leone.

Notes

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