L’Inter-Agency Standing Committee (IASC), un forum décisionnel impliquant les principales agences humanitaires onusiennes, a décidé le renforcement de la réponse humanitaire des Nations Unies en Centrafrique. Ce qui signifie concrètement pour les agences des Nations-Unies, davantage de ressources et de moyens pour apporter une réponse adaptée à la crise humanitaire en Centrafrique. Mais cette décision arrive très tard.
Beaucoup auraient dû être déjà fait au regard de la dégradation de la situation humanitaire en Centrafrique depuis plusieurs mois. « Cette décision tardive doit maintenant être suivie d'effet et initier un changement radical et immédiat dans la façon dont les agences humanitaires onusiennes ont jusqu'à présent répondu à la crise », explique Bart Janssens, directeur des opérations à MSF.
Aujourd’hui, environ 30 000 personnes survivent sur le site de l’aéroport de Bangui. Sur le terrain, MSF a alerté plusieurs fois les agences des Nations Unies, demandant que de la nourriture, des tentes et du matériel d’hygiène soient immédiatement déployés, mais sans qu’aucune réponse concrète ne puisse être apportée.
A Yaloké et Bouca, où la situation est critique, et en dépit de nos demandes répétées, les agences des Nations Unies ne sont toujours pas intervenues.
Deux exemples récents illustrent bien la situation : MSF a demandé à plusieurs reprises aux agences des Nations Unies de fournir de la nourriture, des tentes, du savon à plus de 15 000 personnes déplacées aux abords de l'aéroport de Bangui, sans qu'il n'y ait eu de réactions de leur part.
A Bossangoa, les responsables humanitaires des Nations Unies cantonnés pour des raisons de sécurité dans l'enceinte de la FOMAC, n'ont même pas fourni d'assistance aux personnes qui y ont trouvé refuge, amenant MSF à intervenir une fois de plus.
Après les combats à Bossangoa, les Nations Unies ont maintenues ces mêmes mesures de sécurité et de protection pendant plusieurs jours, laissant plus de 30 000 personnes déplacées dans les camps de Bossangoa, tandis que le personnel de MSF et Action contre la Faim se déplaçaient à travers la villes pour fournir une assistance en urgence.
Les activités des agences onusiennes ont été jusque-là insuffisantes et plusieurs fois interrompues et leurs équipes retirées – parfois pour une longue période, perturbant le déploiement et la réponse aux besoins des populations centrafricaines. « Malgré ses efforts importants, MSF – et les rares ONG présentes – ne peuvent pas couvrir tous les besoins. Les agences des Nations Unies doivent maintenant apporter une réponse solide et concrète à la hauteur des besoins », affirme Janssens.
Depuis des mois MSF a alerté sur la situation humanitaire catastrophique en Centrafrique et a montré qu’il était possible de travailler et d’étendre ses activités humanitaires dans le pays malgré les conditions sécuritaires difficiles.
Présente en RCA depuis 1997, MSF gère actuellement sept projets réguliers (à Batangafo, Boguila, Carnot, Kabo, Ndéle, Paoua et Zémio) et quatre projets d’urgence (à Bangui, Bossangoa, Bouca et Bria). De plus, une équipe d’urgence mobile couvre les zones de Bouar, Yaloké et les camps de déplacés de Bangui. D’ici la fin de l’année, MSF espère pouvoir initier des activités dans les hôpitaux de Bangassou et Ouango. Au total, nous offrons aujourd’hui des soins médicaux gratuits à environ 400 000 personnes ; proposons une capacité hospitalière d’environ 800 lits ; travaillons dans 7 hôpitaux, 2 centres de santé et 40 postes de santé ; et comptons plus de 100 personnels expatriés et environ 1 100 personnels centrafricains dans nos équipes.