MSF s’indigne de constater qu’un Etat impliqué dans le conflit en Libye prenne de telles mesures alors même qu’une guerre est en cours. De plus, les personnes arrivant par bateau de Libye fuient des violences et ont besoin d’une protection internationale. Le rapatriement ou le détournement en mer de ces personnes vers le territoire libyen constituerait une violation de l’obligation internationale de non-refoulement.
MSF souligne aujourd’hui l’incohérence d’un tel accord et le double standard appliqué par les pays européens impliqués dans cette guerre. Il est intolérable qu'un pays engagé dans des bombardements au nom de la protection des civils organise dans le même temps le refoulement des victimes de cette guerre. «
Cet accord signifie avant tout un arrêt de mort pour les populations qui risquent d’être à nouveau piégées dans ce conflit », s’inquiète Christopher Stokes, directeur général de MSF.
En 2009, MSF avait déjà exprimé son inquiétude suite à la signature du « Traité d’Amitié » entre la Libye et l’Italie qui prévoyait le rapatriement forcé des exilés. L’organisation ne peut aujourd’hui que constater les terribles conséquences de ce type d’accord sur les personnes qui ont essayé sans succès de rejoindre l’Italie avant que le conflit n’éclate.
Dans le cadre de ses activités, MSF a reçu des centaines de témoignages de ceux qui ont aujourd’hui trouvé refuge dans le centre de Mineo (Sicile) ou le camp de Choucha (Tunisie). Ces témoignages ont révélé les sévices et les traitements inhumains et dégradants vécus par les migrants renvoyés dans les centres de détention en Libye et le traumatisme qui en résulte. «
Près de Lampedusa, les Italiens nous ont attrapés, attaché une corde à notre bateau, et renvoyé en Libye où nous avons été envoyés en détention, torturés et forcés à appeler nos familles pour une rançon. Je me suis échappé lorsque la guerre a commencé en Libye. » a confié un Somalien du camp de Choucha, victime d’un refoulement avant le début de la guerre.