MSF demande d’épargner la vie des patients et du personnel médical pris au piège dans les hôpitaux de Gaza

Un enfant blessé par un bombardement aérien dans les bras de son père, après avoir reçu des soins à l'hôpital Al-Shifa.
Un enfant blessé par un bombardement aérien dans les bras de son père, après avoir reçu des soins à l'hôpital Al-Shifa. 19 octobre 2023.   © Mohammad Masri

Au cours des dernières 24 heures, les hôpitaux de Gaza ont été bombardés sans relâche. L’hôpital Al Shifa, plus grande structure de santé de la bande de Gaza, où du personnel de MSF travaille encore, a été frappé à plusieurs reprises, notamment la maternité et le service de consultations ambulatoires, faisant de nombreux morts et blessés. Ce matin, les combats autour de l’hôpital se poursuivent.  

Du personnel soignant de MSF et des centaines de patients sont toujours terrés à l'intérieur de l'hôpital Al-Shifa. Nos équipes sont témoins de tirs sur les personnes cherchant à fuir. MSF réitère ses appels à l'arrêt immédiat des attaques contre les hôpitaux, à la protection des structures médicales, du personnel médical et des patients, et à permettre aux personnes qui le souhaitent et qui le peuvent de quitter les hôpitaux.

« On est en train de nous tuer ici, s'il vous plaît, faites quelque chose », a écrit par SMS l'un des infirmiers de MSF à l'hôpital d'Al-Shifa ce matin, alors qu’il tentait de se protéger des tirs d’artillerie. Quatre ou cinq familles se sont réfugiées dans le sous-sol, les bombardements sont si proches, mes enfants pleurent et crient de peur. » 

« La situation à Al-Shifa est vraiment catastrophique. Notre personnel et des patients se trouvent à l'intérieur de l'hôpital, où les bombardements n'ont pas cessé depuis hier.Nous demandons au gouvernement israélien de mettre fin à cette attaque sans relâche contre le système de santé de Gaza », déclare Ann Taylor, cheffe de mission de MSF en Palestine. 

Avec 700 lits, l'hôpital Al-Shifa est le principal complexe hospitalier de Gaza, offrant des soins d'urgence et chirurgicaux. Il n'existe actuellement aucun autre établissement dans la bande de Gaza capable de prendre en charge autant de patients souffrant de blessures complexes et parfois mortelles. Malgré les attaques régulières et les pénuries, le personnel a réussi à maintenir l'hôpital opérationnel. Depuis hier, l'hôpital Al-Shifa est privé d'électricité. Les ambulances ne peuvent plus aller chercher les blessés et les bombardements incessants empêchent l'évacuation des patients et du personnel. 

« Beaucoup de patients ont déjà été opérés mais ne peuvent pas marcher. Il est impossible pour eux d’évacuer, explique le Dr Mohammed Obeid, chirurgien MSF à l'hôpital Al-Shifa. Nous avons besoin d'ambulances pour évacuer tous ces patients, mais nous n’en avons pas. » 

« Nous ne pouvons pas partir. Depuis hier matin, nous avons opéré environ 25 patients : si moi ou l’autre chirurgien ne sommes pas là, qui s'occupera des patients ?, poursuit le Dr Mohammed Obeid. Un patient doit être opéré, un autre est déjà endormi, sous anesthésie. » 

MSF condamne fermement l'arrêt de mort signé par l'armée israélienne à l'encontre des civils actuellement piégés dans l'hôpital Al-Shifa. Nous demandons un cessez-le-feu inconditionnel et immédiat. Il faut également que l’aide humanitaire puisse atteindre l’ensemble de la bande de Gaza de toute urgence. 

MSF a perdu le contact avec l'un de ses chirurgiens, qui travaille à l’hôpital Al-Quds et qui s'y était réfugié avec sa famille. D'autres structures de santé, dont l'hôpital Al Rantisi, que MSF a également soutenu dans le passé, auraient été encerclées par des chars israéliens. 

Nous demandons à la France, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, aux pays du Golfe, et à tous les autres pays qui ont déclaré avoir à cœur le sort de la population à Gaza, d’utiliser leur influence diplomatique pour obtenir immédiatement un cessez-le-feu. Les horreurs qui se déroulent sous nos yeux à Gaza montrent que les appels à épargner les civils sont restés jusqu’ici sans réponse. Un cessez-le-feu est la condition sine qua non pour leur protection.  

Selon les chiffres du ministère de la Santé dans la bande de Gaza, plus de 25 000 personnes ont été blessées depuis le 7 octobre, dont beaucoup présentent des blessures graves nécessitant des interventions chirurgicales complexes et des semaines, voire des mois de traitement.  Ces soins ne pourront pas leur être apportés sans un cessez-le-feu, qui devra aussi permettre un accès à la nourriture, au carburant et à l'eau. La survie de la population de Gaza en dépend. 

Notes

    À lire aussi