Malgré l'avis défavorable de la majorité des sénateurs, malgré les propos argumentés de la communauté médicale et de nombreuses associations de santé, une partie des députés de la majorité ont fini par faire passer les articles de loi qui restreignent l'accès aux soins des étrangers en France.
La loi concernant le Droit au séjour pour soins des étrangers malades devra être réexaminée en seconde lecture au Sénat. MSF appelle les sénateurs à voter contre les propositions de changements de cette loi pour des raisons essentielles de santé publique et de droit à la santé pour tous.
En remplaçant la notion « d'accès effectif » aux traitements par celle de « disponibilité », cette loi aboutira au renvoi de personnes gravement malades vers leur pays d'origine sans qu'elles puissent y être soignées.
Dans la plupart des pays où MSF intervient, la « disponibilité » d'un traitement ne signifie pas, loin de là, qu'il est accessible à tous. L'absence de système de couverture santé, la répartition inégale de l'offre de soins sur les territoires, le prix prohibitif des traitements, les carences en personnel de santé sont autant d'obstacles qui empêchent l'accès aux soins et aux traitements.
La révision de cette loi poussera les étrangers malades à vivre dans la clandestinité en France, entraînant rupture de soins et plus grande précarité pour les personnes et, in fine, des risques en termes de santé publique.
Déjà, en décembre dernier, au mépris de rapport d'expertise et de l'avis de nombreux acteurs de santé en France, et sous des prétextes fallacieux d'économies et de chasse à la fraude, le Gouvernement a fini par faire passer dans la loi de finances 2011 des restrictions d'accès à l'Aide médicale d'Etat qui auront des conséquences sur l'accès aux soins des plus précaires en France.
En mélangeant politique de santé et politique d'immigration, ces attaques répétées des dispositifs d'accès aux soins des étrangers en France ne visent qu'à stigmatiser une frange de la population et à créer des malades de seconde catégorie.