Parmi les 2 000 personnes expulsées chaque mois de l’Algérie et de la Libye figurent des blessés graves, des femmes victimes de viols ou des personnes souffrant d’importants traumatismes.
Près de 70% des personnes prises en charge par MSF témoignent avoir subi des violences et des abus aux frontières de l’Algérie et de la Libye.
« La gravité des exactions commises sur les migrants est indiscutable. Les témoignages de nos patients et leur état de santé physique et mental à leur arrivée dans nos structures sanitaires prouvent que ces personnes ont vécu des violences extrêmes au cours de leur expulsion des territoires algériens et libyens », affirme Jamal Mrrouch, chef de mission de MSF au Niger.
En 2021, 27 208 migrants ont été expulsés d’Algérie dans des conditions inhumaines vers Assamaka à la frontière du Niger. Cela représente une hausse de plus de 17 % par rapport à 2020.
Les initiatives impulsées par l’Union européenne pour endiguer le phénomène migratoire obligent les migrants et passeurs à emprunter des couloirs excessivement dangereux dans le désert pour éviter les contrôles, avec pour conséquence le renforcement de l’exploitation des migrants par les trafiquants. Les routes migratoires sont devenues plus meurtrières.
Pour les migrants refoulés au Niger, l’accès aux services de base, y compris les soins de santé, devient très compliqué. Depuis 2018, les équipes de MSF organisent régulièrement des missions afin de secourir les migrants perdus ou abandonnés dans le désert. En soutenant plusieurs Centres de Santé Intégrés et cliniques mobiles dans la région d’Agadez, les équipes de MSF assurent des soins de santé gratuits, un appui psychosocial, des références pour les cas compliqués et des évacuations d’urgences. En 2021, plus de 47 000 consultations médicales ont été réalisées, dont 34 276 consultations de santé mentale. Trente-huit corps ont été trouvés entre 2020 et 2021.