L'Ouganda a déclaré vendredi 8 décembre la fin de l'épidémie de fièvre de Marburg, 42 jours après le décès du dernier cas confirmé dans le pays.
Au total, on dénombre trois décès (un cas suspect et deux cas confirmés) dans les districts de Kween et de Kapchorwa, dans l'est du pays, le 25 septembre, 13 octobre et 26 octobre respectivement.
Médecins Sans Frontières (MSF) est intervenue dans la région fin octobre, en étroite collaboration avec le Ministère de la Santé ougandais. Nos équipes étaient responsables de la prise en charge des cas.
Elles ont installé deux centres de traitement, d'une capacité de 10 lits chacun, l’un dans les locaux de l'hôpital du district de Kapchorwa et l’autre à proximité du centre de santé de Kaproron, afin de pouvoir assurer une réponse adéquate à une épidémie de grande ampleur. Ces deux centres ne seront désormais plus opérationnels.
Le personnel soignant du district a été formé dans ces centres par le personnel MSF, expérimenté dans la gestion des épidémies de fièvre hémorragique. Les principaux domaines de formation comprenaient la gestion des cas suspects et confirmés, la collecte d'échantillons en laboratoire et l’observation des patients. MSF a également soutenu le ministère de la Santé et l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) dans la surveillance de l’épidémie, la promotion des bonnes pratiques d’hygiène et la planification de la réponse pendant l’épidémie.
Une ambulance MSF avec des capacités d'isolement a également été déployée sur le terrain.
« C'est la première fois que la fièvre de Marburg a été diagnostiquée dans ces régions d'Ouganda. Le niveau élevé de surveillance sanitaire au niveau national a permis de constater et de confirmer l'épidémie assez tôt pour permettre une réponse collaborative rapide et efficace, a déclaré le Dr. Natalie Roberts, responsable des opérations d'urgence de MSF. La promotion des bonnes pratiques d’hygiène et de santé au sein des communautés a également été un facteur déterminant dans la compréhension de cette maladie et pour faire accepter notre intervention. »
Les fièvres hémorragiques virales sont endémiques en Ouganda, y compris Marburg et Ebola. Le risque d’épidémies à l’avenir est élevé et il est essentiel que les mécanismes de surveillance et de préparation aux situations d'urgence soient maintenus.
Au cours de cette épidémie, MSF, le ministère de la Santé ainsi que d'autres partenaires ont mis en place de nouveaux outils et effectué des tests grandeur nature susceptibles d'améliorer la réponse à de futures épidémies.
Un laboratoire mobile, conçu pour faire des tests sur des échantillons à haut risque, a été mis en place par l'Union européenne. Le déploiement de tels dispositifs d’analyse peut réduire considérablement le temps de traitement des tests sanguins pour recevoir une confirmation ou non des cas suspects, d’autant plus que le laboratoire national se trouve à Kampala, à 10 heures de route.
MSF a également soutenu l'utilisation de médicaments antiviraux dans le traitement et la prophylaxie de Marburg, avec pour objectif de réduire la mortalité liée à la maladie. L’ampleur limitée de l'épidémie n'a heureusement pas nécessité l'utilisation de ces antiviraux. Toutefois, des discussions avec le ministère de la Santé ougandais et d'autres partenaires sur la réglementation et l’utilisation clinique de ces antiviraux seront sans doute utiles pour améliorer l'accès à ces médicaments lors de futures épidémies.
« Nous sommes prêts à continuer l’étroite collaboration avec le ministère de la Santé ougandais, l’OMS et d'autres partenaires à Kampala, afin d'améliorer notre réponse à des épidémies similaires à l’avenir, a ajouté le Dr. Roberts. Cela passe par prodiguer des soins de qualité aux patients pour les cas confirmés et suspects, et par la promotion des bonnes pratiques d’hygiène et de santé au sein des communautés ougandaises pour les aider à mieux appréhender cette maladie ».
MSF est intervenue pour la première fois en Ouganda en 1980. L'organisation médicale humanitaire gère actuellement des programmes d'urgence pour aider les réfugiés sud-soudanais dans le nord du pays, ainsi que des programmes à plus long terme dans les régions d'Arua et de Kasese. Dans ces projets, l'accent est mis sur le traitement du VIH, de la tuberculose, du paludisme et d'autres maladies infectieuses, ainsi que sur l'accès à la santé de populations aux besoins spécifiques (adolescents, communautés de pêcheurs, travailleurs du sexe, etc.).