Du personnel de MSF battu et menacé de mort : à Khartoum, « la situation devient intenable »

Traînée de fumée au loin.
Traînée de fumée dans le ciel de Khartoum à proximité de l'hôpital universitaire Bashair, où travaillent les équipes de Médecins Sans Frontières © MSF

Dans l'après-midi du 20 juillet, 14 personnes travaillant pour Médecins Sans Frontières (MSF) ainsi que quatre chauffeurs de camion ont été arrêtés, battus et menacés par un groupe d'hommes armés alors qu'ils transportaient du matériel médical à l'hôpital Turc, situé dans le sud de Khartoum, où MSF fournit des soins. En l’absence de garanties de sécurité suffisantes, la continuité des activités médicales et la présence de MSF dans cet hôpital est gravement remise en cause, avertit MSF.

A proximité de l’hôpital, les hommes armés ont agressé, battu et fouetté le personnel de MSF après avoir contesté la validité de leur présence dans la zone. Ils ont également détenu et menacé de mort un chauffeur avant de finalement le relâcher et voler le véhicule.

« Pour continuer à fournir des soins vitaux à Khartoum, notre personnel doit être en sécurité. Si un tel incident se reproduit, et si notre capacité à acheminer du matériel et des médicaments continue d’être entravée, alors malheureusement, notre présence à l’hôpital Turc de Khartoum deviendra bientôt intenable », déclare Christophe Garnier, responsable MSF des urgences pour le Soudan.

L'hôpital turc est l'un des deux seuls hôpitaux encore ouverts dans toute la partie sud de la ville de Khartoum, tous deux étant soutenus par MSF, l’une des seules organisations médicales internationales encore présentes dans la ville. MSF soutient également les hôpitaux de l’est de la ville et d’Omdurman, aidant ainsi le ministère de la Santé à maintenir à flot un système de santé extrêmement fragilisé. Cet incident est le dernier d’une série dont la fréquence et l’accumulation commencent à rendre difficile le maintien de l’aide humanitaire dans cette zone.  

L’attaque d’hier s'est produite à seulement 700 mètres de l'hôpital Turc, où des centaines de patients, y compris des enfants, sont actuellement soignés. Hier, nous avons reçu 44 patients blessés lors d'une frappe aérienne dans cet hôpital. Il y a près d’un mois, nous avons reçu 160 blessés de guerre en 48 heures, principalement des femmes et des enfants, victimes de l'escalade du conflit autour du quartier général de la Central Reserve Police. Chaque jour, l’hôpital Turc accueille en moyenne une quinzaine de blessés de guerre, qui nécessitent des interventions chirurgicales vitales, ainsi que des patients atteints de maladies chroniques. Nos équipes travaillent 24 heures sur 24 dans des conditions extrêmement difficiles pour apporter des soins à toutes les personnes qui en ont besoin. Elles ne peuvent pas en plus être exposées à ces agressions et violences à proximité de l’hôpital.

MSF a soigné plus de 1 600 blessés de guerre à Khartoum depuis le début du conflit et souhaite pouvoir continuer à le faire. Pourtant, la situation sécuritaire s'est si gravement détériorée au cours des dernières semaines que cela est maintenant remis en question.

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